L’épilepsie peut débuter à tout âge de la vie. Le caractère intermittent et imprévisible des crises est une véritable épée de Damoclès, qui impacte grandement la qualité de vie des patients.
Les traitements de l'épilepsie
La prise en charge thérapeutique de l’épilepsie dépend de son origine (focale ou généralisée) et de sa cause (lésionnelle, génétique, etc.)
Cette prise en charge doit être globale, visant d’une part à faire disparaitre les crises, ou au moins les atténuer, d’autre part supprimer ou corriger leurs causes mais également identifier et traiter les conséquences de la maladie sur la vie du patient comme par exemple les troubles d’apprentissage ou la dépression.
Les thérapies anti-épileptiques
Les médicaments antiépileptiques agissent par différents mécanismes, pour tenter d’empêcher la récidive de crise :
- en stabilisant la membrane des neurones en régulant l’ouverture et la fermeture des canaux ionique, notamment ceux perméables au sodium empêchant ainsi la propagation excessive de décharges neuronales.
- en bloquant la stimulation excessive de récepteurs, qui excitent les neurones (comme les récepteurs au glutamate)
- en activant les récepteurs, qui inhibent les neurones (comme les récepteurs au GABA)
- en modulant la libération de vésicules synaptiques.
Ces traitements sont choisis par le neurologue en fonction du type de crises (en effet, certains médicaments peuvent être inefficaces dans les absences, les myoclonies), et surtout du terrain du patient (il existe des effets secondaires propres à chaque traitement, aussi le choix dépendra de l’âge du patient, de son sexe, des maladies associées).
Chez 30% des patients, les médicaments antiépileptiques sont inefficaces. Il est donc nécessaire de continuer à identifier de nouveaux mécanismes anti-crises, et donc de développer de nouveaux médicaments. L’équipe d’épilepsie de l’hôpital de la Salpêtrière, en coordination avec le Centre d’investigation Clinique, à l’Institut du Cerveau, dirigée par le Dr Céline Louapre et le Pr Jean-Christophe Corvol, permet l’évaluation précoce de nouveaux médicaments anti-épileptiques, dans le cadre d’essais thérapeutiques. Cela permet à certains patients de bénéficier de nouveaux médicaments avant qu’ils ne soient commercialisés.
La chirurgie de l’épilepsie
En cas d’ épilepsie focale « pharmaco-résistante », une ablation de la zone du cerveau à l’origine des crises peut être envisagée.
Afin de cibler la zone cérébrale responsable des crises, le foyer épileptogène, les cliniciens et chercheurs de l’Institut du cerveau font appel à différentes technologies, dans le cadre d’un plateau technique unique en Ile-de-France. Le bilan pré-chirurgical nécessite :
- L’électroencéphalographie (EEG), de surface, et parfois intracérébral. Ces enregistrements continus sont réalisés 24h/24, 7 jours sur 7, durant 2 à 3 semaines, dans l’Unité d’épilepsie afin de recueillir plusieurs crises.
- La tomographie par émission de positons (TEP), réalisée dans le service de Médecine Nucléaire, permet d’identifier des zones cérébrales qui ne captent pas bien le glucose, et donc impliquées dans le foyer épileptogène.
- Le SPECT lors d’une crise est un examen qui permet de visualiser la région cérébrale activée par une crise : cet examen identifie l’augmentation de débit sanguin cérébral local, liée aux besoins énergétiques accrus des neurones recrutés par la crise.
- L’imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle (IRMf), réalisée dans le service de Neuroradiologie, permet d’évaluer si la zone cérébrale identifiée comme à l’origine des crises, pourra être opérée. Si cette zone est encore fonctionnelle, c’est-à-dire qu’elle s’active lors de certains exercices alors l’opération chirurgicale peut être récusée.
Lorsque la région cérébrale à l’origine de l’épilepsie est très finement déterminée au terme de ce bilan complexe, une intervention neurochirurgicale est proposée : la résection du foyer épileptogène, dans le Service de Neurochirurgie, par le Dr Bertrand Mathon, permet la guérison complète de 50 à 80% des patients.
D’autres approches neurochirurgicales comme la stimulation du nerf vague peuvent être proposées. Leur principe est d’effectuer une neuro-modulation chronique du cerveau afin de diminuer la fréquence et la sévérité des crises.
De nouvelles techniques sont en cours d’évaluation, notamment le traitement par laser de la région épileptogène, lorsque celle-ci est inaccessible à un geste chirurgical classique.