Le Pr Vincent Navarro est responsable de l’Unité d’Epilepsie et de l’Unité d’EEG, au Pôle des Maladies du système nerveux (Hôpital Pitié-Salpêtrière), et coordinateur du groupe EpiMicro dans l’équipe du Pr Stéphane Charpier à l’Institut du Cerveau – ICM.
L’épilepsie est une maladie neurologique aux multiples facettes, parfois trompeuses, liée à des nombreuses causes qu’il faut savoir reconnaître afin de mieux traiter.
Pour prodiguer de meilleurs soins aux 600 000 patients épileptiques en France, il faut urgemment renforcer les réseaux de prise en charge. Le nombre de neurologues spécialisés en épilepsie et en électroencéphalographie (EEG) est bien insuffisant pour répondre aux attentes des patients.
Outre le renforcement des systèmes de santé autour des épilepsies, il faut poursuivre activement la recherche dans le domaine de l’épilepsie. Même si d’importants progrès ont été faits dans la connaissance des mécanismes qui gouvernent la survenue des crises, il faut encore mieux comprendre les scénarios qui conduisent un cerveau à brutalement s’embraser. Ceci afin d’identifier de nouvelles stratégies thérapeutiques. La recherche peut viser à identifier une nouvelle cause d’épilepsie : comme certaines maladies autoimmunes (liées à une activation anormale du système immunitaire, qui s’attaque au cerveau), qu’il faut savoir reconnaître à temps, et traiter par des médicaments immunomodulateurs.
D’autres axes de recherche s’intéressent à ce qui se produit dans le cerveau lorsque survient une crise. Ce type d’études est réalisé chez des patients qui bénéficient d’un bilan avec des électrodes intracérébrales, dont certaines extrêmement fines (les microélectrodes) sont capables de mesurer l’activité de quelques cellules du cerveau (les neurones). Ces recherches qui nécessitent d’importants moyens techniques profitent de l’environnement unique de l’Institut du Cerveau – ICM où médecins, chercheurs et ingénieurs peuvent avancer de front.
Un Plan National Epilepsies est indispensable pour établir un maillage territorial, offrant tous les niveaux de prise en charge : (i) niveau 1 : les « Cliniques de la première crise » pour porter avec certitude un diagnostic d’épilepsie et initier un traitement adapté ; (ii) niveau 2 : gestion de la pharmacorésistance et identification des causes rares, dans le cadre du Centre de Référence des Epilepsies Rares ; (iii) niveau 3 : bilan en vue d’une chirurgie de l’épilepsie.
La prise en charge des patients épileptique doit être globale. Elle ne doit pas s’arrêter à la seule prescription d’un médicament antiépileptique. Un tiers des patients continue à présenter des crises en dépit de la prise régulière de leurs traitements. Ces patients « pharmacorésistants » présentent fréquemment des manifestations anxieuses voire dépressives qu’il faut efficacement traiter avec le soutien de psychologues et psychiatres. Des assistantes sociales et des infirmières spécialisées sont d’un grand secours pour guider les patients dans les méandres de leur vie professionnelle et sociale.