Une étude internationale, à laquelle ont collaboré plusieurs chercheurs et cliniciens de l’Institut du Cerveau – ICM, apporte des éléments positifs sur l’utilisation de la stimulation cérébrale profonde dans le traitement des symptômes du syndrome Gilles de la Tourette. Les résultats sont parus dans la revue JAMA Neurology.
Le syndrome Gilles de la Tourette est caractérisé par la combinaison de tics moteurs et vocaux souvent associés à des troubles du comportement. Des traitements médicamenteux permettent d’atténuer les symptômes dans certains cas mais il reste nécessaire de développer de nouvelles solutions thérapeutiques pour traiter cette maladie qui peut s’avérer très handicapante pour la vie sociale et quotidienne des patients. La stimulation cérébrale profonde (DBS), qui consiste à implanter un dispositif délivrant des stimulations électriques dans des régions très spécifiques du cerveau, représente un traitement prometteur.
De nombreuses questions restent cependant à élucider. Qui pourrait en bénéficier le plus ? Y a-t-il des effets secondaires et des complications post-traitement ? La DBS a-t-elle un effet au-delà du traitement purement symptomatique ?
Les données sur la stimulation cérébrale profonde chez ces patients sont rares et difficiles à analyser. Pour tenter de surpasser cette difficulté, l’International Deep Brain Stimulation Database and Registry, une base de données internationale de la stimulation cérébrale profonde, a réuni les données obtenues dans plusieurs études menées dans le monde entier chez ces patients. Notamment les résultats d’une étude, publiée en 2017 par les chercheurs et médecins de l’APHP et de l’Institut du Cerveau – ICM, qui avaient montré un effet bénéfique de la stimulation de la partie antérieure du globus pallidus interne chez 16 patients atteints du syndrome Gilles de la Tourette et résistant aux traitements. Il s’agissait de la plus grande cohorte de patients opérés dans cette structure cérébrale avec une étude conduite dans 8 centres en France.
Dans la présente étude, les auteurs ont ainsi réuni les informations de 185 patients souffrants du syndrome de Gilles de la Tourette, n’étant pas améliorés par les traitements médicamenteux et ayant bénéficié de la DBS.
Un an après l’implantation du dispositif de stimulation cérébrale profonde, une nette amélioration des symptômes des patients est observée, avec une diminution de la sévérité des tics moteurs et vocaux de 45% (score au Yale Global Tic Severity Scale). La stimulation cérébrale profonde était bien tolérée avec des effets secondaires modérés rapportés dans environ 35% des cas, avec principalement des troubles de l’articulation de la parole (dysarthrie) et des sensations de picotements (paresthésie).
Ces résultats apportent des arguments supplémentaires pour l’utilisation de la stimulation cérébrale profonde dans le traitement de certains patients souffrants du syndrome de Gilles de la Tourette, tout en restant vigilant quant aux effets secondaires qu’elle pourrait entrainer. Le développement de la base de données et le suivi des patients sur de plus longues périodes permettront d’affiner l’utilisation de cette technique dans ce syndrome.
Sources
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29340590/
Martinez-Ramirez D et al. JAMA Neurol. 2018 Mar 1