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Recherche, Science & Santé

Nos comportements de vérification décryptés par la psychologie expérimentale !

Publié le : 24/09/2021 Temps de lecture : 1 min
cerveau

Nous opérons quotidiennement des comportements de vérification. Dans certaines pathologies comme les TOC, ceux-ci peuvent se trouver exacerbés et perturbent grandement la qualité de vie des patients. Une étude menée par Axel Baptista (AP-HP/Sorbonne Université), Maxime Maheu (UKE Hamburg), Luc Mallet (AP-HP/Université Paris-Est Créteil) et Karim N’Diaye (CNRS) à l’Institut du Cerveau montre que ces comportements de vérification sont modulés par deux mécanismes cognitifs : la métacognition et les croyances. Les résultats sont publiés dans Scientific Reports.

Les décisions que nous prenons chaque jour intègrent une part d’incertitude. Pour la réduire et ainsi faciliter nos choix, nous menons des comportements de vérification, comme le fait de réécouter plusieurs fois un message sur son répondeur quand le son est de mauvaise qualité. Dans certaines pathologies psychiatriques comme le trouble obsessionnel compulsif (TOC), ces vérifications sont exacerbées et handicapent beaucoup les patients au quotidien. Si nous vivons l’expérience de ces comportements en permanence, leurs mécanismes cérébraux et leurs perturbations dans les TOC sont mal compris.

« Ce comportement spontané n’est pas facile à explorer au laboratoire, notamment chez des participants sains. Pour cela, il nous a donc fallu mettre en place une épreuve spécifique sur ordinateur dans laquelle les participants vont être enclins à visionner plusieurs fois un même stimulus »

 

Karim N’Diaye Responsable de la plateforme PRISME dédiée aux études comportementales à l’Institut du Cerveau, dernier auteur de l’étude

La tâche en question consistait, pour les participants, à donner la direction du mouvement global d’un nuage de points animés. Son degré de difficulté était également adapté individuellement. En parallèle, les chercheurs ont mesuré par des questionnaires standardisés, les tendances obsessionnelles-compulsives, comme la propension à vérifier que le gaz est bien éteint, ainsi que les croyances métacognitives, par exemple dans quelle mesure les participants font confiance à leur mémoire.

« Nous avons consacré beaucoup d’efforts à la rigueur méthodologique puis à l’analyse statistique des données pour démontrer que l’évaluation subjective de notre degré d’incertitude module certes, la tendance à la vérification, mais que cela semble relativement limité à l’incertitude que l’on appréhende de façon explicite, c’est-à-dire celle dont on prend conscience lorsqu’on nous demande d’évaluer notre confiance dans une décision. »

Axel Baptista Premier auteur de la publication

Le lien entre incertitude subjective et comportement de vérification est par ailleurs modulé par les croyances métacognitives négatives – le fait de ne pas faire confiance à « ses capacités cognitives »-. Celles-ci tendent à découpler le comportement de vérification du degré d’incertitude. Enfin, les chercheurs montrent dans cette étude que les tendances obsessionnelles-compulsives, chez ces participants sains, exacerbent le lien entre incertitude et vérification. Ceci pourrait sembler paradoxal dans la mesure où les patients atteints de TOC déclarent spontanément souffrir du fait de se sentir obligés de vérifier, tout en étant conscient que c’est sans doute inutile.

 

Cette étude permettra à d’autres travaux de confirmer ces mécanismes, et de les étudier dans des populations de patients atteints de troubles neuropsychiatriques comme les TOC. En effet, on peut suspecter que ces mécanismes sont altérés dans cette pathologie. Dans l’ensemble, ces travaux pourraient permettre de mieux comprendre le lien entre incertitude, métacognition et TOC.

Sources

Baptista A, Maheu M, Mallet L, N’Diaye K (2021). Joint contributions of metacognition and self-beliefs to uncertainty-guided checking behavior. Sci Rep, 2021. doi: 10.1038/s41598-021-97958-1

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