Une étude conduite par Luc Mallet à l’Institut du Cerveau montre que les émotions modulent de façon particulière l’activité d’une structure profonde du cerveau, le noyau subthalamique, dans les troubles obsessionnels compulsifs. Cette découverte, publiée dans Biological Psychiatry CNNI, ouvre la voie à des approches plus personnalisées dans le traitement de cette pathologie.
Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) sont caractérisés, comme leur nom l’indique, par des obsessions, c’est-à-dire des pensées intrusives, et des compulsions, sous la forme de comportements répétés. Environ 20% des patients présentent des TOC sévères, résistant aux traitements médicamenteux. Ils peuvent dans ce cadre bénéficier de la stimulation cérébrale profonde (DBS) de certaines structures des ganglions de la base, pour moduler leur activité et leurs échanges avec d’autres régions cérébrales, perturbés dans la maladie.
Une cible privilégiée pour la DBS est le noyau subthalamique. L’efficacité de cette stimulation à atténuer les symptômes, à la fois émotionnels et moteurs, des patients suggère que cette structure jouerait un rôle clé au sein d’un réseau impliqué dans l’intégration des informations émotionnelles et motrices.
Pour mieux comprendre le rôle du noyau subthalamique dans ce processus, les chercheurs et cliniciens de l’Institut du Cerveau ont mesuré l’activité de cette structure chez des 7 patients atteints de TOC et 15 patients touchés par la maladie de Parkinson avec ou sans traitement L-Dopa, au cours d’une tâche cognitive et motrice. Dans celle-ci, ils devaient catégoriser des images selon qu’elles étaient plaisantes, déplaisantes ou neutres à leurs yeux, faisant ainsi appel à un processus émotionnel, puis appuyer sur un bouton selon la catégorie et en fonction des instructions du chercheur, c’est-à-dire réaliser une commande motrice en réponse à l’information émotionnelle.
Leurs résultats montrent une activation spécifique du noyau subthalamique sur la bande theta – une fréquence particulière de l’activité électrique du cerveau – chez les patients avec des TOC ou la maladie de Parkinson pour les images déplaisantes, et uniquement chez les patients avec des TOC pour les images plaisantes. Vis-à-vis de la tâche motrice, l’activité theta était augmentée lorsque l’image était déplaisante, uniquement chez les patients avec des TOC. Enfin, chez ces même sujets, une relation a été observée entre l’amplitude de la réponse thêta liée à l’émotion et la sévérité des symptômes. Plus les symptômes des patients étaient sévères plus l’activité de leur noyau subthalamique était forte en réponse à une émotion.
Les chercheurs montrent ici comment les émotions affectent un aspect particulier de l’activité du noyau subthalamique dans le cas de troubles obsessionnels compulsifs, de façon différente par rapport aux patients parkinsoniens, et que celle-ci est corrélé à la sévérité des symptômes. Ces activations spécifiques dans le noyau subthalamique pourraient signaler une intégration émotionnelle perturbée chez les patients avec des troubles obsessionnels compulsifs et constitueraient alors un possible biomarqueur pour développer des approches, plus personnalisées dans leur traitement.
Sources
Emotions modulate subthalamic nucleus activity: new evidence in obsessive-compulsive disorder and Parkinson disease patients. Buot A. et al. Biological Psychiatry CNNI. 2020
https://www.biologicalpsychiatrycnni.org/article/S2451-9022(20)30212-3/…
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