Apprendre un cours, faire du sport, perdre du poids, aller au travail en vélo plutôt qu’en voiture… La motivation est un ingrédient clé du quotidien. Mais qu’est-ce au juste ? Quelles sont ses bases neurobiologiques ? Quels sont ses leviers ? Et quelles recherches menées sur ce sujet à l’Institut du cerveau ? Réponses.
Qu'est-ce que la motivation ?
La motivation est un élément crucial de nos sociétés que de nombreux enseignants, chefs d’entreprise, entraîneurs sportifs et dirigeants cherchent à la développer. Par définition, elle correspond à une énergie qui pousse à commencer, à maintenir ou à cesser une action difficile ou désagréable à réaliser ou à arrêter. Ce faisant, elle permet d’avancer vers un objectif donné, même en présence de facteurs internes ou externes gênants : fatigue, horaires contraignants, envie de faire autre chose, etc.
La motivation, étymologiquement « mettre en mouvement », peut être définie comme une fonction qui active et dirige le comportement vers un but.
Selon la théorie de la décision, qui tente de décrire de façon rationnelle les modalités conduisant un individu à prendre une décision, la direction et l’intensité du comportement sont ajustées de manière à maximiser le bénéfice attendu tout en minimisant le coût. Autrement dit, le degré de motivation pour une tâche donnée (par exemple faire du sport) correspond à la différence entre ce que cette action va apporter, la satisfaction de l’objectif atteint (meilleure santé, moindre niveau de stress, etc., ici) et ce qu’elle va coûter, la pénibilité mentale ou physique de l’action, (nécessité de se rendre sur le lieu de la pratique sportive, de se dépenser physiquement…).
Selon cette théorie, un choix rationnel consiste à sélectionner l’action dont la valeur nette est la plus élevée, celle-ci étant la différence maximale entre les bénéfices et les couts attendus.
Les zones cérébrales et les neurotransmetteurs de la motivation
Le réseau de la récompense comprend principalement le cortex orbitofrontal médian (COFM), le striatum ventral (SV) et les noyaux dopaminergiques du mésencéphale (NDM). Le réseau de l’effort se compose principalement de l’Insula antérieure (IA) et le cortex cingulaire antérieur dorsal (CCAD).
Garce à l’IRM fonctionnelle, il a été montré que le COFM joue un rôle primordial dans l’attribution de la valeur de la récompense alors que l’IA attribue le cout de l’effort (1). Ces informations permettent le calcul de la valeur nette de l’action, bénéfices moins couts, dans le CCAD. La partie ventrale du striatum (SV) s’active en fonction de la récompense attendue et active les régions corticales cognitives et motrices pour produire l’effort demandé.
L’activation des circuits neuronaux de la motivation aboutit à la libération de plusieurs molécules cérébrales, ou « neuromodulateurs ». Cette molécule rend la personne plus sensible à la récompense et amplifie les perspectives de bénéfices ou le désir de réaliser la tâche en question.
Autre neurotransmetteur important : la sérotonine. Elle, est impliquée dans la gestion des humeurs. Cette substance allège les « coûts » d’une action : elle va contribuer à rendre celle-ci moins contraignante et ainsi, favoriser son accomplissement.
Enfin, on peut aussi citer la noradrénaline. Neurotransmetteur principal impliqué dans les réactions de stress et de fuite, celle-ci influe sur l’effort à fournir : face à une action difficile ou désagréable, elle permet de mobiliser l’énergie physique et mentale nécessaire à l’accomplissement de cette tâche.
Les recherches sur la motivation à l’Institut du Cerveau
Dans les pathologies neurologiques et psychiatriques, les déficits de motivation tels que l’apathie sont fréquents, chez 40% des patients atteints de maladie de parkinson ou encore dans 35% des cas après un AVC et chez la majorité des dépressifs par exemple. Les déficits de motivation sont évalués à l’aide de questionnaires subjectifs qui ne fournissent aucune information sur les mécanismes physiopathologiques sous-jacents.
À l’Institut du Cerveau, l'équipe « Motivation, cerveau et comportement » propose une approche basée sur des modèles computationnels, qui permet d’identifier les causes cognitives, par exemple une sensibilité réduite à la récompense, et les dysfonctionnements neuronaux, comme une altération de la libération de dopamine, dans le but de mieux cibler les traitements des déficits motivationnels. Cette approche computationnelle pourrait donc ouvrir la voie à une médecine davantage personnalisée. L’objectif de l’équipe est de mieux comprendre les troubles de la motivation, afin d’améliorer la prise en charge de ces symptômes qui dégradent fortement la qualité de vie des patients et leur autonomie.
Références
- A. Lopez-Persem et al. Nature Neurosci 23 (202) N°5, p.664-675
- Les comptes Rendus Biologies, institut de France, Académie des sciences,, vol 344, issue 3 (2021) p 275-296.
https://comptes-rendus.academie-sciences.fr/biologies/item/10.5802/crbiol.61.pdf
Équipe https://institutducerveau-icm.org/fr/team/equipe-pessiglione-daunizeau-bouret/#more-2628