Grâce à l’optimisation d’une technique d’imagerie de pointe, la spectroscopie par résonance magnétique, les chercheurs de l’Institut du Cerveau ont pu détecter précisément un certain type de tumeurs cérébrales de façon non invasive. Une avancée majeure pour le diagnostic, le pronostic et le traitement des patients concernés.
Environ 40% des gliomes, les plus fréquentes des tumeurs cérébrales, présentent une mutation du gène IDH. Cette dernière est associée à une accumulation d’une molécule spécifique des cancers, nommé 2HG, à l’intérieur des cellules. La détection du 2HG permet donc de diagnostiquer ces tumeurs et présente un intérêt majeur pour leur prise en charge. La tumeur identifiée est-elle un gliome ou pas ? Possède-t-elle une mutation spécifique du gène IDH ? Ces informations auront plusieurs conséquences, sur la chirurgie pour retirer la tumeur, le traitement et le pronostic du patient.
Jusqu’à récemment, la mutation IDH et l’accumulation de 2HG ne pouvaient être mesurée que par l’analyse des biopsies de tumeurs, une procédure assez invasive. De récentes études ont montré qu’il était possible de détecter cette molécule de manière non invasive grâce à la spectroscopie par résonance magnétique (voir encadré).
Plusieurs méthodes peuvent être utilisées avec cette technique d’imagerie, mais la spécificité et la sensibilité des mesures est parfois insatisfaisante. Une grande spécificité et sensibilité dans la mesure et dans l’analyse des signaux est nécessaire pour éviter les résultats « faux-positifs ».
Dans la présente étude, les chercheurs ont réussi à optimiser la méthode d’acquisition et d’analyse des données de la spectroscopie. Ils l’ont ainsi testée chez 24 sujets suspectés d’être atteints d’un gliome de bas grade, aux vues des résultats d’une première imagerie cérébrale (IRM). Ils ont ensuite comparé ces résultats à ceux obtenus en utilisant la méthode la plus courante à l’heure actuelle pour ce type d’examen par spectroscopie.
Les chercheurs souhaitent à présent développer cette méthode pour le suivi des patients au cours de leur traitement par radiothérapie ou chimiothérapie, afin d’évaluer la réponse thérapeutique. Cette technique pourrait également être utilisée pour tester l’effet de nouvelles thérapies lors d’essais cliniques, en particulier de nouvelles molécules en cours de développement et ciblant spécifiquement la forme mutée de l’enzyme IDH.
Le saviez-vous : la spectroscopie par résonance magnétique (MRS)
La spectroscopie par résonance magnétique est une technique d’imagerie qui permet de mesurer la concentration de différents métabolites de l’organisme.
Elle est basée sur le principe que chaque métabolite possède des propriétés chimiques et une composition moléculaire particulières qui peuvent être analysées de manière non invasive par MRS. Ainsi, chaque métabolite est caractérisé par un signal magnétique qui lui est propre. Un enregistrement MRS consiste en un ensemble de pics, chacun correspondant à un métabolite différent.
Cette technique peut être utilisée en clinique car la concentration en métabolites peut varier dans différentes maladies. Par exemple, un dysfonctionnement ou une atrophie des neurones dans les maladies neurodégénératives peut être mesurée grâce à la modification de la concentration de certains métabolites présents spécifiquement dans les neurones.
Sources
Highly specific determination of IDH status using edited in vivo magnetic resonance spectroscopy. Branzoli F, Di Stefano AL, Capelle L, Ottolenghi C, Valabrègue R, Deelchand DK, Bielle F, Villa C, Baussart B, Lehéricy S, Sanson M, Marjanska M. Neuro Oncol. 2017 Nov 6.