Aller au contenu principal

Soit 34,00 après déduction fiscale de 66%

Je fais un don mensuel Je fais un don IFI
Recherche, Science & Santé

Le rôle des vaisseaux lymphatiques dans les maladies neurodégénératives

Publié le : 13/11/2019 Temps de lecture : 1 min
lymphe

Une étude, conduite à l’Institut du Cerveau – ICM par Laurent Jacob (Institut du Cerveau – ICM) et Jean-Léon Thomas (Inserm), en collaboration avec Nicolas Renier (Inserm), décrit pour la première fois l’anatomie et les fonctions des vaisseaux lymphatiques vertébraux. Les résultats sont publiés dans la revue Nature Communications.

Le rôle des vaisseaux lymphatiques dans les maladies neuro-degénératives

Le système vasculaire lymphatique est présent dans la quasi-totalité des tissus. Il draine la lymphe, vers les ganglions lymphatiques. Il est complémentaire vaisseaux sanguins et assure l’évacuation des déchets ainsi que la surveillance immunitaire au sein des organes et tissus. Le système vasculaire lymphatique est néanmoins absent du tissu cérébral et spinal. Comment le système nerveux central (SNC) se débarrasse-t-il donc de ses déchets et comment assure-t-il sa protection immunitaire ?

En 2015, la description d’un réseau de vaisseaux lymphatiques au niveau des méninges du crâne connecté aux ganglions lymphatiques cervicaux, a apporté un élément de réponse et suscité un vif intérêt. Bien qu’il soit localisé en périphérie du cerveau, ce réseau s’est confirmé, au travers des études récentes, comme un régulateur de l’évacuation de la protéine bêta-amyloïde et de certaines réponses inflammatoires cérébrales. Les mécanismes mis en jeu au niveau des vaisseaux lymphatiques méningés ont donc probablement un rôle dans les pathologies neurodégénératives et auto-immunes du SNC. Qu’en est-il de la moelle épinière ? Est-elle aussi entourée d’un réseau lymphatique et comment celui-ci est-il drainé ?

 

Des chercheurs de l’Institut du Cerveau – ICM ont répondu à cette question rendue délicate par la présence de muscles, vertèbres et membranes autour de la moelle épinière, autant d’obstacles à la détection du système lymphatique vertébral. Les chercheurs ont utilisé une technique de transparisation, iDISCO+, mise au point par Nicolas Renier (Institut du Cerveau – ICM), qui permet de conserver l’ensemble des structures entourant la moelle épinière et de les rendre transparentes. Les échantillons ‘transparisés’ ont ensuite été marqués avec des anticorps spécifiques des cellules endothéliales lymphatiques et observés avec un microscope à feuillets de lumière. Une représentation en trois dimensions des structures lymphatiques vertébrales a ainsi été reconstituée.

 

« Avec la technique du microscope à feuillets de lumière, nous avons pu rentrer dans la profondeur du tissu, en 3D, et reconstituer toute l’architecture des structures lymphatiques grâce à un marquage des vaisseaux lymphatiques » explique Laurent Jacob, premier auteur de l’étude.

 

Les vaisseaux lymphatiques sont localisés entre les vertèbres et connectés à l’extérieur avec : les ganglions cervicaux profonds au niveau cervical ; le canal lymphatique thoracique, un large vaisseau lymphatique qui draine la majorité de la lymphe du corps ; et les ganglions rénaux au niveau lombaire. Alors qu’au niveau de la boite crânienne les vaisseaux lymphatiques se trouvent au niveau de la dure-mère, la couche la plus superficielle des méninges, les lymphatiques vertébraux sont en majorité dans l’espace épidural, au-dessus de la dure-mère.

 

La deuxième partie du travail a été d’explorer la fonction de drainage de ce circuit et de tester s’il contribuait à la réponse immunitaire dans la moelle épinière. Pour étudier l’interaction avec le système immunitaire, les chercheurs ont analysé les populations de cellules immunitaires associées aux lymphatiques vertébraux et ont créé des lésions au niveau de la moelle épinière pour étudier la réponse de ces cellules. En cas de lésion spinale, le nombre et le diamètre des vaisseaux lymphatiques vertébraux s’accroit rapidement. L’ajout du facteur de croissance des vaisseaux lymphatiques, VEGF-C, avant l’apparition de la lésion accroit fortement le développement du réseau lymphatique vertébral. Dans ce contexte, les chercheurs ont observé une augmentation des cellules immunes au niveau de la moelle épinière, accompagnée d’un accroissement de la taille de la lésion réalisée. Le réseau lymphatique vertébral est donc associé à une attaque immunitaire du tissu spinal. Ces nouvelles données confirment que les vaisseaux lymphatiques du système nerveux central pourraient réguler la réponse inflammatoire dans cette zone.

 

« Un réseau lymphatique plus important serait donc délétère pour la lésion, en augmentant la présence des cellules immunitaires et donc l’inflammation dans le tissu du système nerveux central. » précise Laurent Jacob.

 

Le réseau lymphatique associé au système nerveux central jouerait donc sur la circulation des cellules immunitaires vers les ganglions lymphatiques auxquels il est connecté régionalement. S’en suivrait une activation des cellules lymphocytaires dans les ganglions et leur mise en circulation dans le flux sanguin vers leur cible du SNC. La validité de ce modèle reste encore à démontrer.

 

L’ensemble de ces résultats apportent des informations inédites sur l’anatomie et le fonctionnement des vaisseaux lymphatiques vertébraux. Ils fournissent une cartographie 3D de ce système et de son organisation. Ils soulignent également le rôle très important de ces vaisseaux dans la réponse immunitaire à une lésion de la moelle épinière.

 

Retrouvez la communication scientifique sur ce lien

Sources

Anatomy and function of the vertebral column lymphatic network in mice. Jacob L. et al. Nature Communications, Octobre 2019.

D'autres actualités qui pourraient vous intéresser

Interneurones. Crédit : UCLA Broad Stem Cell Research Center.
Cibler les interneurones inhibiteurs du striatum pour stopper les comportements compulsifs
Et si on pouvait résister aux compulsions ? Ces comportements irrationnels, que l’on observe notamment dans les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), sont très difficiles à réfréner. Pourtant, à l’Institut du Cerveau, l’équipe d’Éric Burguière ...
09.09.2024 Recherche, Science & Santé
Les nerfs moteurs présents dans la moelle épinière se projettent vers la périphérie, où ils entrent en contact avec les muscles, formant des connexions appelées jonctions neuromusculaires. Crédit : James N. Sleigh.
Maladie de Charcot : les effets inattendus des ultrasons
Depuis une quinzaine d’années, les neurochirurgiens perfectionnent une technique fascinante : ouvrir temporairement la barrière hémato-encéphalique via des ultrasons, pour faciliter l’action de molécules thérapeutiques dans le système nerveux central ...
30.08.2024 Recherche, Science & Santé
Un neurone
Syndrome de Rett : une nouvelle thérapie génique en vue
La thérapie génique pourrait constituer notre meilleure chance de traiter le syndrome de Rett, un trouble neurologique qui entraîne des déficiences intellectuelles et motrices graves. À l’Institut du Cerveau, Françoise Piguet et ses collègues ont ...
11.07.2024 Recherche, Science & Santé
Lésions d’un patient à l’inclusion dans le protocole (M0) disparues après 2 ans de traitement à la Leriglitazone (M24)
Le double effet de la leriglitazone dans l'adrénoleucodystrophie liée au chromosome X (ALD-X)
En 2023, l’équipe du Professeur Fanny Mochel (AP-HP, Sorbonne Université), chercheuse à l’Institut du Cerveau montrait que la prise quotidienne de leriglitazone permettait de réduire la progression de la myélopathie des patients atteints d ...
24.06.2024 Recherche, Science & Santé
Une tête de statue de l'île de Pâques sur laquelle sont posées des éléctrodes
Un meilleur pronostic de retour à la conscience des patients placés en réanimation
Lorsqu’un patient est admis en réanimation à cause d’un trouble de la conscience — un coma par exemple — établir son pronostic neurologique est une étape cruciale et souvent difficile. Pour réduire l’incertitude qui prélude à la décision médicale, un ...
04.06.2024 Recherche, Science & Santé
Population de bactéries commensales (en rouge) dans un intestin grêle de souris. Crédit : University of Chicago
La composition du microbiote intestinal pourrait influencer nos prises de décision
La façon dont nous prenons des décisions dans un contexte social peut être expliquée par des facteurs psychologiques, sociaux, et politiques. Et si d’autres forces étaient à l’œuvre ? Hilke Plassmann et ses collègues de l’Institut du Cerveau et de l ...
16.05.2024 Recherche, Science & Santé
Voir toutes nos actualités