Aller au contenu principal

Soit 34,00 après déduction fiscale de 66%

Je fais un don mensuel Je fais un don IFI
Recherche, Science & Santé

Les propriétés fondamentales des systèmes cérébraux déterminant nos préférences

Publié le : 16/04/2020 Temps de lecture : 1 min
Les propriétés fondamentales des systèmes cérébraux déterminant nos préférences

La compréhension des mécanismes cérébraux de la prise de décision est devenue l'un des plus grands défis dans le domaine des neurosciences cognitives.

Quels sont les mécanismes cognitifs qui nous permettent de prendre des décisions ? D’où vient qu’on préfère certaines options plutôt que d’autres ? Comment la valeur d’une option est-elle estimée par le cerveau ?

Une étude conduite par Mathias PESSIGLIONE, chef d’équipe et directeur de recherche INSERM à l’Institut du Cerveau et Alizée LOPEZ-PERSEM, post-doctorante à l’Institut du Cerveau, a permis de mettre en évidence les caractéristiques principales du signal neuronal impliqué dans les jugements de valeur. Ces travaux font l’objet d’une publication dans la revue scientifique Nature Neuroscience.

 

Grâce à des électrodes implantées dans le cerveau de 36 patients épileptiques, candidats à une thérapie chirurgicale, les chercheurs ont pu enregistrer l’activité électrique neuronale dans environ 4000 zones cérébrales, alors que les patients réalisaient des tâches d’évaluation.

 

Dans ces tâches, les patients devaient indiquer à quel point ils aimaient les options qu’on leur présentait sur un écran, par exemple manger un gâteau au chocolat ou voir un tableau de Picasso. Cette tâche était suivie d’une tâche de choix entre deux de ces options, qui permettait de vérifier que les jugements de valeurs fournis par les patients permettaient de prédire leurs préférences.

 

Cette étude a permis d’identifier quatre propriétés essentielles du signal neuronal observé dans la région du cortex orbito-frontal (zone cérébrale située dans le cortex préfrontal, juste derrière les orbites oculaires).

  • Ce signal est dépendant de sa ligne de base, c'est-à-dire de l’état du cortex orbitofrontal au moment où on présente les options : si son activité est élevée, nous aurons tendance à aimer davantage l’option proposée.
  • Ce signal est généraliste, c'est-à-dire qu’il représente la valeur de n’importe quel type d’option, ce qui nous permet de choisir entre des options qui n’ont rien à voir entre elles, comme aller au musée ou déjeuner avec des amis.
  • Ce signal est automatique, c'est-à-dire que la valeur subjective d’une option est représentée dans le cortex orbito-frontal même lorsque nous n’avons pas de décision à prendre ou de préférence à exprimer.
  • Ce signal contient à la fois une information de premier ordre, la valeur de l’option, et une information de second ordre, notre confiance dans ce jugement de valeur, qui doit également être prise en compte dans la décision.

 

Prises ensemble, ces quatre propriétés expliquent les erreurs d’attribution dans les jugements de valeur. Ainsi nous pensons parfois estimer la valeur d’une option, alors que nous sommes influencés par la valeur d’une autre. Par exemple, une personne au restaurant est soumise à nombre d’influences de l’environnement comme ce qu’elle mange, la musique d’ambiance, le décor et la conversation des autres convives. On observe alors des interférences entre les valeurs associées à ces différents facteurs, qui peuvent par exemple nous amener à croire que nous apprécions la personne en face de nous, alors qu’en fait nous apprécions le plat que nous mangeons.

 

Ces résultats vont permettre de mieux comprendre les dysfonctionnements du système cérébral qui génère les jugements de valeur, dans des conditions pathologiques comme par exemple les troubles de l’humeur.

Sources

Four core properties of the human brain valuation system demonstrated in intracranial signals, Nature Neurosciences 2020.
https://www.nature.com/articles/s41593-020-0615-9

D'autres actualités qui pourraient vous intéresser

Monocyte – un globule blanc qui se différencie en macrophage. Crédit : Université d’Edinbourg.
Découverte d’une anomalie liée aux macrophages dans la sclérose en plaques
Certains patients atteints de sclérose en plaques possèdent la capacité de régénérer partiellement la myéline, la gaine qui entourent les fibres nerveuses et qui est endommagée au cours de la maladie. En étudiant comment les cellules immunitaires...
08.11.2024 Recherche, Science & Santé
Interneurones. Crédit : UCLA Broad Stem Cell Research Center.
Cibler les interneurones inhibiteurs du striatum pour stopper les comportements compulsifs
Et si on pouvait résister aux compulsions ? Ces comportements irrationnels, que l’on observe notamment dans les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), sont très difficiles à réfréner. Pourtant, à l’Institut du Cerveau, l’équipe d’Éric Burguière...
09.09.2024 Recherche, Science & Santé
Les nerfs moteurs présents dans la moelle épinière se projettent vers la périphérie, où ils entrent en contact avec les muscles, formant des connexions appelées jonctions neuromusculaires. Crédit : James N. Sleigh.
Maladie de Charcot : les effets inattendus des ultrasons
Depuis une quinzaine d’années, les neurochirurgiens perfectionnent une technique fascinante : ouvrir temporairement la barrière hémato-encéphalique via des ultrasons, pour faciliter l’action de molécules thérapeutiques dans le système nerveux central...
30.08.2024 Recherche, Science & Santé
Un neurone
Syndrome de Rett : une nouvelle thérapie génique en vue
La thérapie génique pourrait constituer notre meilleure chance de traiter le syndrome de Rett, un trouble neurologique qui entraîne des déficiences intellectuelles et motrices graves. À l’Institut du Cerveau, Françoise Piguet et ses collègues ont...
11.07.2024 Recherche, Science & Santé
Lésions d’un patient à l’inclusion dans le protocole (M0) disparues après 2 ans de traitement à la Leriglitazone (M24)
Le double effet de la leriglitazone dans l'adrénoleucodystrophie liée au chromosome X (ALD-X)
En 2023, l’équipe du Professeur Fanny Mochel (AP-HP, Sorbonne Université), chercheuse à l’Institut du Cerveau montrait que la prise quotidienne de leriglitazone permettait de réduire la progression de la myélopathie des patients atteints d...
24.06.2024 Recherche, Science & Santé
Une tête de statue de l'île de Pâques sur laquelle sont posées des éléctrodes
Un meilleur pronostic de retour à la conscience des patients placés en réanimation
Lorsqu’un patient est admis en réanimation à cause d’un trouble de la conscience — un coma par exemple — établir son pronostic neurologique est une étape cruciale et souvent difficile. Pour réduire l’incertitude qui prélude à la décision médicale, un...
04.06.2024 Recherche, Science & Santé
Voir toutes nos actualités