Dans un article récemment publié dans le European Journal of Neurology, Vito Ricigliano (AP-HP/Sorbonne Université), Benedetta Bodini (AP-HP/Sorbonne Université) et leurs collaborateurs à l’Institut du Cerveau, démontrent l’effet protecteur de la réparation de la myéline sur les tissus entourant les lésions chez les patients atteints de sclérose en plaques. Cette découverte souligne le potentiel de nouvelles stratégies thérapeutiques et fournit de nouveaux éléments pour évaluer l’efficacité de médicaments remyélinisants à l’essai.
Comment prévenir ou diminuer la dégénérescence des neurones, à l’origine du handicap clinique dans la sclérose en plaques (SEP) ? A l’heure actuelle, les médecins ont à disposition des traitements pour contrôler la composante inflammatoire de la maladie, mais sont démunis face à la composante dégénérative.
En effet, dans la sclérose en plaques, l’atteinte des neurones ne se situe pas uniquement au niveau des lésions de la myéline visibles à l’IRM, mais s’étend aux régions qui les entourent, les tissus péri-lésionnels. Les chercheurs et cliniciens de l’Institut du Cerveau ont souhaité étudier si la récupération spontanée de la myéline – ou remyélinisation – dans les lésions permettait de protéger de l’atteinte microstructurelle des tissus alentours chez les patients.
Pour cela, ils ont suivi au cours du temps de la quantité de myéline au niveau des lésions grâce à la TEP de la myéline, et l’ont combiné à une évaluation de l’atteinte microstructurelle des tissus péri-lésionnels par IRM de diffusion, chez 20 patients atteints de sclérose en plaques. Leurs analyses ont été conduites à l’échelle des lésions uniques, soit plus de 500 lésions étudiées.
a. Exemples de régions lésionnelles (blanches), périlésionnelles proximales (jaunes) et périlésionnelles distales (brunes) sur l’IRM d’un patient atteint de SEP. b. La lésion de la substance blanche (blanche) et ses périlésions correspondantes sont représentées par des cartes de couleur, basées sur le delta de la diffusivité moyenne (reflétant l’atteinte microstructurelle) dans chaque région périlésionnelle proximale et distale entre la première imagerie et la seconde prise 4 mois plus tard. c-e. Détail de la même lésion de la substance blanche de la Fig. 1b, montrant les zones démyélinisés au départ (rouge, c), les zones démyélinisés au cours du suivi (bleu, d) et les zones en remyélinisation au cours du suivi (vert, e).
Il existe une grande hétérogénéité des patients en matière de capacité de remyélinisation. Dans cette étude, les scientifiques montrent également que chez un même patient, certaines lésions peuvent très bien se réparer et d’autres beaucoup moins, et que cette différence se retrouve dans l’atteinte des tissus alentours.
Des essais cliniques de thérapies remyélinisantes sont en cours, notamment dans l’équipe de Bruno Stankoff et Catherine Lubetzki à l’Institut du Cerveau. Grâce à l’utilisation de la TEP-IRM, les chercheurs seront en mesure d’étudier l’efficacité des traitements, non seulement sur les signes cliniques, mais aussi à l’échelle cellulaire avec la réparation de la myéline et la diminution de l’atteinte microstructurelle des tissus alentours.
Sources
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35152511/
Ricigliano VAG, Tonietto M, Hamzaoui M, Poirion É, Lazzarotto A, Bottlaender M, Gervais P, Maillart E, Stankoff B, Bodini B. Eur J Neurol. 2022 Feb 12.