Aller au contenu principal

Soit 34,00 après déduction fiscale de 66%

Je fais un don mensuel Je fais un don IFI
Recherche, Science & Santé

Une nouvelle cible pour le traitement de la schizophrénie

Publié le : 04/09/2014 Temps de lecture : 1 min
Illustration

L’équipe Biotechnologie & Biothérapie, fondée par Jacques Mallet et actuellement dirigée par Philippe Ravassard, de l’Institut du Cerveau, en collaboration avec le Pôle d’Innovation Thérapeutique en Neuropsychiatrie de l’Institut de Recherches Servier, a mis en évidence une nouvelle cible thérapeutique pour le traitement de la schizophrénie. Il s’agit d’un nouveau récepteur appelé “Gpr88″ – protéine présente à la surface des cellules – et localisé exclusivement dans le cerveau. Les chercheurs montrent que l’inactivation locale de ce “Gpr88″ permet de normaliser des comportements qui sont altérés dans un modèle de schizophrénie. Ces comportements sont réfractaires aux thérapies utilisées couramment chez l’homme. Ce travail, à l’origine de la thèse de Manuela Ingallinesi et conduit sous la direction de Rolando Meloni à l’Institut du Cerveau, représente une avancée importante dans la validation d’une nouvelle cible thérapeutique et une approche expérimentale innovatrice pour le traitement de la schizophrénie. Les résultats de cette étude viennent d’être publiés ce 26 Août 2014 dans Molecular Psychiatry l’un des journaux leaders dans le domaine de la psychiatrie.

La schizophrénie, caractérisée par des symptômes dits “positifs”, “négatifs” et “cognitifs”, est une maladie mentale grave et handicapante touchant environ 1% de la population. Les thérapies courantes de la schizophrénie utilisent essentiellement les neuroleptiques, des médicaments qui permettent de contrôler les symptômes “positifs”, comme le délire et les hallucinations, et “négatifs”, comme l’émoussement affectif et émotionnel, mais qui ne sont pas efficaces contre les déficits “cognitifs”, caractérisés par la désorganisation de la pensée. De plus, jusqu’à un tiers de patients ne répondent pas à ces thérapies. Ainsi, des nouvelles cibles thérapeutiques sont activement recherchées pour améliorer le traitement de cette maladie et particulièrement les déficits cognitifs.
“Gpr88″ est un récepteur (protéine présente à la surface des cellules) au rôle inconnu qui est présent presque exclusivement dans le Striatum, une structure cérébrale fortement impliquée dans les maladies neuropsychiatriques. L’intérêt pour Gpr88 dans l’équipe Biotechnologie et Biothérapie fait suite aux travaux de Rolando Meloni et Jacques Mallet en psychiatrie génétique qui ont montré que le gène codant pour Gpr88 est associé comme facteur de risque à la schizophrénie. Afin d’approfondir la signification biologique de cette association, Rolando Meloni et ses collaborateurs ont évalué le rôle de Gpr88 dans un modèle de schizophrénie.
Les chercheurs montrent que l’inactivation locale de cette protéine dans le Nucleus Accumbens (structure située dans la partie ventrale du Striatum dont la fonction est altérée dans la schizophrénie) réduit significativement les altérations associées au modèle de schizophrénie. Notamment, le comportement déficitaire observé dans un test de cognition sociale est rétabli à un niveau normal.
Ces résultats qui viennent d’être publiés dans la revue scientifique Molecular Psychiatry montrent que Gpr88 représente une nouvelle cible thérapeutique potentielle de grand intérêt pour le traitement de la schizophrénie. C’est pour les chercheurs de l’Institut du Cerveau un nouvel espoir pour le développement de nouveaux traitements, notamment pour la prise en charge des déficits cognitifs résistants aux médicaments couramment utilisés.

Illustration
Au centre : vue en coupe frontale d’un cerveau de rat montrant la zone (rectangle rouge) du Nucleus Accumbens (NAcc) dans le Striatum (Str) où la protéine Gpr88 a été inhibée – Ctx : cortex cérébral. À gauche : agrandissement du rectangle rouge avec vue en microscopie à fluorescence, en vert la zone du Nucleus Accumbens où Gpr88 est inhibée et en rouge le reste du Striatum où Gpr88 est encore exprimé. À droite : correspondance anatomique des régions cérébrales mentionnées dans le cerveau humain.

 

Sources

Ingallinesi et al., Local inactivation of Gpr88 in the Nucleus Accumbens attenuates behavioral deficits elicited by the neonatal administration of phencyclidine, Molecular Psychiatry (online publication, 26 August 2014)

D'autres actualités qui pourraient vous intéresser

Le cortex moteur
L’origine du syndrome de Lance-Adams enfin élucidée
Décrites pour la première fois il y a 60 ans, les myoclonies chroniques consécutives à une anoxie cérébrale sont aujourd’hui appelées « syndrome de Lance-Adams ». Il s’agit d’un trouble grave, dont les mécanismes étaient jusqu’alors peu connus...
16.06.2025 Recherche, Science & Santé
sequencage adn
Troubles du développement intellectuel : deux nouveaux gènes mis en cause
Une équipe de recherche internationale franco-allemande a identifié deux nouveaux gènes qui jouent un rôle dans l’apparition de troubles du développement intellectuel (TDI). Les chercheurs ont réussi à développer deux nouveaux types de tests pour...
11.06.2025 Recherche, Science & Santé
Tiré de New Theory of Colours de Mary Gartside, 1808
À l’origine de l’aphantasie : une altération de la connectivité cérébrale ?
Grâce à l’IRMf 7T, des chercheurs de l’Institut du Cerveau et de NeuroSpin, le centre de neuroimagerie du CEA, explorent pour la première fois à très haute résolution le substrat neuronal de l’imagerie visuelle. Leurs résultats, publiés [i] dans la...
06.06.2025 Recherche, Science & Santé
Le développement du cerveau a une part d’aléatoire
Le développement du cerveau a une part d’aléatoire
La personnalité de chacun résulte de facteurs génétiques et environnementaux mais pas seulement. Bassem Hassan et son équipe à l’Institut du Cerveau montrent comment chez la drosophile, l’individualité provient également de processus aléatoires...
07.05.2025 Recherche, Science & Santé
Analyse MERSCOPE
Épilepsies focales liées à des malformations cérébrales : de nouvelles pistes de traitement ?
Une étude menée par l’équipe de Stéphanie Baulac met en évidence des mutations somatiques dans divers types cellulaires chez des patients atteints de dysplasie corticale focale de type 2. Cette maladie cause des épilepsies pharmaco-résistantes dont...
30.04.2025 Recherche, Science & Santé
Un iceberg
La cohorte ICEBERG, 10 ans de mobilisation collective scientifique et médicale
La cohorte ICEBERG, initiée il y a 10 ans, s'intéresse à l'étude des facteurs prédictifs de l’apparition et de l’évolution de la Maladie de Parkinson.
04.04.2025 Recherche, Science & Santé
Voir toutes nos actualités