Une étude génétique internationale à laquelle ont participé Isabelle Le Ber et Alexis Brice de l’Institut du Cerveau – ICM a permis d’identifier un nouveau gène responsable de sclérose latérale amyotrophique. Les résultats sont publiés dans la revue Neuron.
La SLA est une maladie neurodégénérative grave caractérisée par une paralysie progressive et très handicapante des muscles due à une dégénérescence des motoneurones supérieurs et inférieurs, les cellules nerveuses qui commandent la contraction des muscles volontaires.
La plupart des cas de SLA sont sporadiques, c’est-à-dire que la maladie apparait chez les patients sans que l’on en connaisse l’origine. Environ 10% des patients ont une forme familiale, c’est à dire que plusieurs membres d’une même famille sont atteints. Dans ces cas familiaux, des mutations génétiques, erreurs portées par les chromosomes, sont en cause.
La connaissance des facteurs génétiques de la maladie est importante pour le conseil génétique aux patients et à leur famille et est essentielle pour comprendre les mécanismes de la maladie. L’étude des gènes responsables de SLA a permis d’identifier certains processus biologiques impliqués dans la dégénérescence des motoneurones, comme l’accumulation des protéines toxiques dans les cellules.
Une étude multicentrique internationale a cherché à identifier de nouveaux gènes impliqués dans la SLA. Les chercheurs ont conduit des analyses génétiques poussées (études d’association pangénomique). Elles consistent à analyser les variations génétiques de nombreux individus présentant la même maladie afin d’étudier leurs corrélations avec cette maladie. Ils ont ainsi étudié les données de 12 663 patients atteints de SLA qu’ils ont comparé à plus de 53 000 individus contrôles.
Les chercheurs ont identifié un nouveau gène, KIF5A, associé à la SLA. Le gène KIF5A code pour une protéine du cytosquelette, de la famille des kinésines, qui sont impliquées dans le transport de molécules dans la cellule. Les mutations de ce gène sont responsables de plusieurs autres pathologies motrices comme la paraparésie spastique héréditaire SPG10 et la maladie de Charcot-Marie-Tooth de type 2. Les mutations de KIF5A responsables de la SLA sont distinctes de celles identifiées dans ces deux autres maladies. Il s’agit de mutations « perte de fonction », c’est-à-dire que la mutation empêche le gène d’exercer sa fonction.
Ces résultats associent les mutations du gène KIF5A à une nouvelle pathologie, la SLA, et renforcent le rôle du cytosquelette dans les mécanismes de dégénérescence des neurones dans celle-ci.
Sources
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29566793/
Nicolas A et al. Neuron. 2018 Mar 21