Comment savoir si un patient est conscient lorsqu’il est incapable de communiquer ? L’étude des troubles de la conscience distingue l’état végétatif, dans lequel le patient est éveillé mais non conscient, et l’état de conscience minimale qui correspond à un certain degré de conscience. Distinguer ces deux états est très important pour établir un pronostic sur le devenir neurologique du patient, pour mettre en œuvre le traitement adapté et pour informer les proches. Tous les outils développés jusqu’à présent pour déterminer l’état de conscience, comme l’EEG, l’IRM fonctionnelle ou le PET scan, se concentraient sur le cerveau. Ces outils nécessitent soit un équipement lourd, soit des analyses complexes.
Pour répondre à cette question Federico Raimondo, sous la direction du Dr Jacobo SITT, tous deux membres de l’équipe de Lionel Naccache à l’Institut du Cerveau, a utilisé une approche novatrice : l’exploration de l’interaction entre le cœur et le cerveau. De précédentes études avaient mis en évidence que les processus « inconscients » du système neuro-végétatif, comme la respiration ou les battements du cœur, sont en réalité modulés par les processus conscients. La perception d’une stimulation externe, auditive par exemple, pourrait donc se traduire par un effet sur l’activité cardiaque, et cela d'autant plus facilement que le sujet est conscient.
En étudiant les données de 127 patients en états végétatifs ou de conscience minimale, les chercheurs ont constaté que les cycles cardiaques étaient effectivement modulés par la stimulation auditive uniquement chez les patients conscients ou minimalement conscients. Ils ont également montré que ces résultats étaient complémentaires des résultats obtenus en EEG. La combinaison de ces deux tests (test cardiaque et EEG) améliorant nettement les performances de prédictions de l’état de conscience d’un patient.
Ces résultats ouvrent de nouvelles perspectives sur une approche globale pour évaluer l’état de conscience des patients. Les chercheurs souhaitent à présent étendre le cadre à d’autres signaux physiologiques modulés par des processus conscients comme la respiration ou la dilatation des pupilles pour mettre au point un outil complet afin de mieux évaluer l’état de conscience au lit du patient.