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Recherche, Science & Santé

Une meilleure caractérisation de la désinhibition dans les dégénérescences fronto-temporales

Publié le : 20/06/2022 Temps de lecture : 1 min
cerveau

Grâce à une approche combinant évaluation comportementale et imagerie cérébrale, une étude conduite par le FrontLAB de l’Institut du Cerveau a permis une meilleure caractérisation d’un symptôme majeur des dégénérescences fronto-temporales, la désinhibition. Ces résultats, publiés dans Neuroimage : Clinical ouvrent la voie à une prise en charge plus adaptée et personnalisée des patients et au soutien de leurs aidants.

La désinhibition, un symptôme majeur de la dégénérescence fronto-temporale

La désinhibition est un symptôme de nombreuses maladies neurodégénératives, en particulier celles touchant les régions frontales du cerveau comme les dégénérescences fronto-temporales (DFT). Ces dernières sont la deuxième cause de démence la plus fréquente après la maladie d’Alzheimer. Elles peuvent prendre différentes formes, notamment une variante dite « comportementale », caractérisée par des troubles cognitifs et comportementaux.La désinhibition est au cœur de ces changements et désordres comportementaux.

Deux principaux types de désinhibition sont couramment distingués : la désinhibition cognitive, qui correspond à une incapacité à bloquer (inhiber) des réponses inappropriées ou à stopper des réponses déjà engagées, et la désinhibition comportementale se manifestant par l’impossibilité de réprimer des comportements dans un environnement, dans des contextes sociaux ou à s’adapter aux changements de son environnement.

« Malgré ces deux définitions relativement bien établies, il n’existe toujours pas de moyens d’évaluer précisément la désinhibition comportementale chez les personnes atteintes de DFT, en dehors de questionnaires remplies par les aidants. De plus, les corrélats neuroanatomiques de ce symptôme ne sont pas clairement définis » précise Delphine Tanguy, première autrice de l’étude.

La combinaison d'une approche semi-écologique et de l'imagerie cérébrale

Depuis près de 10 ans, l’Institut du Cerveau développe le programme ECOCAPTURE, conduit par Bénédicte Batrancourt (Inserm) et Richard Lévy (AP-HP-Sorbonne Université), qui vise à évaluer de façon objective et quantitative les symptômes neuropsychiatriques comme l’apathie et la désinhibition en conditions proches de la vie réelle (approche semi-écologique).

Afin de mieux définir la désinhibition chez les patients atteints de DFT, l’équipe FrontLAB de l’Institut du Cerveau a utilisé l’approche d’ECOCAPTURE pour évaluer avec de nouvelles métriques comportementales, deux composantes de la désinhibition : la compulsivité et la désinhibition sociale. Ils y ont associé de l’imagerie structurelle (IRM) et des questionnaires classiques d’évaluation cognitive comme le test de Hayling (mesure les capacités d’inhibition cognitive lors des réponses verbales spontanées) et des tests de cognition sociale.

 

Une meilleure caractérisation de la désinhibition chez les patients atteints de DFT

Les chercheurs confirment que chez les patients atteints de la variante comportementale de DFT, la désinhibition se manifeste sur les deux composantes : la compulsivité et la désinhibition sociale. De plus, les données comportementales recueillies grâce à l’approche semi-écologique vont dans le sens des résultats des tests cognitifs. La compulsivité observée chez les patients est corrélée aux scores du test de Hayling. Par ailleurs, la compulsivité comme la désinhibition sociale sont associées aux résultats des tests de cognition sociale et de reconnaissance des émotions. Enfin, les données d’imagerie permettent de distinguer deux patterns d’atrophie différents dans les réseaux fronto-temporaux selon le sous-type de désinhibition : désinhibition sociale ou compulsivité.

« Ces résultats confirment l’intérêt de l’approche semi-écologique pour l’évaluation de la désinhibition. En caractérisant plus finement le type de désinhibition touchant un patient, nous pouvons mettre en place de meilleures stratégies de prise en charge pour le patient et aussi soutenir son aidant, dont la qualité de vie peut être lourdement impactée par ce type de symptôme »

Lara Migliaccio Inserm, dernière autrice de l'étude

Sources

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35700600/
Tanguy D, Batrancourt B, Estudillo-Romero A, Baxter JSH, Le Ber I, Bouzigues A, Godefroy V, Funkiewiez A, Chamayou C, Volle E, Saracino D, Rametti-Lacroux A, Morandi X, Jannin P, Levy R, Migliaccio R; ECOCAPTURE study group. Neuroimage Clin. 2022 Jun 7

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