Une équipe de recherche de l’Institut du Cerveau vient de participer à une étude internationale identifiant 18 nouveaux gènes impliqués dans les paraplégies spastiques héréditaires (PSH). Ce travail, publié le 31 janvier 2014 sur le site de la prestigieuse revue Science, est issu d’une collaboration menée à l’échelle mondiale et contribue fortement à la compréhension de l’origine génétique des PSH, une étape nécessaire à des futurs essais thérapeutiques, ainsi qu’à l’identification de nouveaux gènes en cause dans l’avenir.
Les paraplégies spastiques héréditaires sont des troubles neurodégénératifs cliniquement et génétiquement hétérogènes affectant des individus de tous âges. La prévalence des PSH (nombre de cas dans la population) varie de 5 à 10 pour 100 000 individus. Les signes cliniques s’installent progressivement et sont caractérisés par des troubles de la marche très invalidants dus à une raideur (spasticité) des membres inférieurs. Ce tableau clinique peut être compliqué par d’autres signes cliniques associés qui sont chevauchants avec d’autres maladies neurologiques comme la sclérose latérale amyotrophique, les neuropathies ou les ataxies cérébelleuses.
Le groupe animé par Giovanni Stevanin, chercheur INSERM / EPHE à l’Institut du Cerveau - ICM (Directeur : Alexis Brice) s’intéresse depuis plusieurs années à l’étude des mécanismes génétiques et physiopathologiques impliqués dans ces maladies et a déjà identifié plusieurs gènes responsables de ces pathologies. L’équipe vient de participer à une étude d’envergure internationale supervisée par Joseph Gleeson qui rapporte 18 nouveaux gènes impliqués dans ces maladies.
Basée sur l’analyse génétique initiale de 55 familles de plusieurs pays et par des modélisations des effets des mutations chez le poisson zèbre, les auteurs ont identifié tout d’abord 15 nouveaux gènes. Dans un second temps, grâce à une analyse bioinformatique, les auteurs ont montré que tous ces gènes s’interconnectent avec plus de 500 autres gènes. Parmi tous ces gènes qui collaborent dans la cellule, les auteurs en ont trouvé 3 autres porteurs de mutations au sein d’une cohorte supplémentaire de 200 familles du réseau SPATAX (http://spatax.wordpress.com/) coordonné à l’Institut du Cerveau - ICM par Alexandra Durr.
Cette étude porte à 74 le nombre de gènes potentiellement mutés dans les PSH et identifie de nouveaux mécanismes cellulaires en cause qui permettront de mieux comprendre les processus dégénératifs au niveau cellulaire. De plus, cette étude va faciliter grandement l’identification de nouveaux gènes impliqués dans les PSH, au sein de ces 500 gènes candidats.
Sources
Novarino G, Fenstermaker AG, Zaki MS, Hofree M, Silhavy JL, Heiberg AD, Abdellatef M, Rosti B, Scott E, Mansour L, Masri A, Kayserili H, Al-Aama JY, Abdel-Salam GMH, Karminejad A, Kara M, Kara B, Bozorgmehri B, Ben-Omran T, Mojahedi F, El Din Mahmoud IG, Bouslam N, Bouhouche A, Benomar A, Hanein S, Raymond L, Forlani S, Mascaro M, Selim L, Shehata N, Al-Allawi N, Bindu PS, Azam M, Gunel M, Caglayan A, Bilguvar K, Tolun A, Issa MY, Schroth J, Spencer EG, Rosti RO, Akizu N, Vaux KA, Johansen A, Koh AA, Megahed H, Durr A, Brice A, Stevanin G, Gabriel S, Ideker T, Gleeson J. Whole Exome Sequencing Links Corticospinal Motor Neuron Disease to Common Neurodegenerative Disorders. Science 2014 (online January 31).