La Sclérose latérale amyotrophique (SLA) ou Maladie de Charcot touche environ 8 000
personnes en France avec 1 000 nouveaux cas chaque année. A l’occasion de la journée mondiale de la SLA le 21 juin prochain, rencontre avec Séverine Boillée, chef
d’équipe à l’Institut du Cerveau - ICM qui nous explique les enjeux, les avancées et les challenges de la recherche sur la SLA.
Qu’est-ce que la SLA ?
La Sclérose Latérale Amyotrophique est la maladie du neurone moteur la plus fréquente chez l’adulte. Les neurones moteurs, ou motoneurones, sont chargés de conduire l’information motrice depuis le cerveau jusqu’aux muscles, ce qui nous permet de bouger. Dans cette maladie, ils dégénèrent, ce qui entraine une destruction progressive des muscles. Les symptômes et la durée d’évolution de la maladie sont variables, la faiblesse musculaire peut débuter au niveau des bras, des jambes, de la gorge avant de se propager, plus ou moins rapidement à l’ensemble des muscles.
L’âge moyen d’apparition de la maladie se situe autour de 59 ans mais nous observons des cas très jeunes avant l’âge de la majorité, parfois 16 ans, et d’autres beaucoup plus tardifs.
La plupart des cas de SLA sont sporadiques, c’est-à-dire que la maladie apparait chez les patients sans qu’on en connaisse l’origine. Environ 10% des cas sont des formes familiales, c’est à dire que plusieurs membres d’une même famille sont atteints. Dans ces cas familiaux, des mutations génétiques, erreurs portées par les chromosomes, sont en cause, les 2/3 d’entre elles sont connues.
Il n’existe, à l’heure actuelle, pas de traitement curatif pour cette pathologie.
Quels sont les challenges de la SLA ?
La SLA est une maladie difficile à étudier étant donné son extrême gravité : sa rapidité d’évolution laisse une fenêtre d’intervention limitée avant qu’elle n’atteigne un stade trop avancé.
Le motoneurone en lui-même représente un challenge conséquent car il est très particulier présent à la fois dans le système nerveux central et à la périphérie au contact avec les muscles et son prolongement est très long. Nous ne savons pas non plus pourquoi il dégénère. Même dans les cas familiaux où les mutations responsables de la maladie ont été identifiées nous ne comprenons pas encore pourquoi elles entraînent une dégénérescence.
Quels sont les projets de recherche actuels de votre équipe à l’Institut du Cerveau - ICM ?
Nous travaillons sur les formes familiales pour mettre en évidence les mécanismes en cause dans la maladie sur lesquels intervenir pour la stopper, en espérant découvrir des mécanismes communs avec les cas sporadiques. Nous sommes également très intéressés par l’étude de cas de SLA très progressifs et au contraire très fulgurants pour comprendre les raisons de ces différences et pouvoir intervenir pour ralentir la progression de la maladie.
Enfin un de nos projets se concentre sur un certain type de cellules immunitaires, impliquées dans l’inflammation, les macrophages, dont nous avons montré le rôle sur la progression de la maladie.
Nous essayons de comprendre comment ces cellules influencent la mort des motoneurones et s’il est possible d’agir sur elles pour bloquer ou ralentir la dégénérescence. La mise en place de la technique des iPS : des cellules souches capables de produire tous les types cellulaires, découverte du Pr Yamanaka Prix Nobel de médecine 2012 a été une révolution en biologie cellulaire et nous permet aujourd’hui de « fabriquer » des motoneurones au laboratoire à partir de cellules de peau des patients. L’objectif est de les étudier afin de mieux comprendre l’évolution de la maladie et de pouvoir disposer de nouveaux modèles pour tester l’efficacité des traitements.
Quels espoirs pour l’avenir ?
Un des espoirs est la personnalisation du traitement. Des avancées récentes ont mis en évidence de nouvelles mutations génétiques impliquées dans la SLA. Des essais cliniques personnalisés sont en cours chez ces patients particuliers pour corriger l’anomalie génétique détectée.
Pour pouvoir traiter tous les cas de SLA, l’objectif est de trouver un traitement qui arrête la
destruction du motoneurone. Une fois que le motoneurone est détruit, il n’est pas possible, pour le moment, de le remplacer.
La capacité de repousse des prolongements des motoneurones représente un espoir important : quand un motoneurone disparait, les motoneurones voisins établissent de nouvelles connexions pour compenser cette perte. Si nous arrivions à bloquer la maladie à un stade précoce, cette capacité de repousse du motoneurone pourrait permettre aux patients de conserver en partie leur motricité.