A l’occasion de la journée Mondiale de la maladie de Parkinson le 11 Avril, l’Institut du Cerveau - ICM fait le point sur les dernières découvertes.
La maladie de Parkinson est la maladie neurodégénérative la plus fréquente après la maladie d’Alzheimer. Deuxième cause de handicap moteur avec 4 millions de personnes atteintes dans le monde, la maladie de Parkinson se caractérise par la mort d’une population de neurones, appelés dopaminergiques. Ces neurones produisent une substance, la dopamine, jouant un rôle dans la transmission de l’information entre les neurones, et indispensable au contrôle harmonieux des mouvements. Les symptômes se manifestent par un ralentissement des gestes, une raideur des membres et du buste, des tremblements et des troubles de la marche. Ces symptômes moteurs peuvent entrainer une invalidité et une perte d’autonomie totale chez la personne qui en est atteinte.
Des traitements médicamenteux permettent de réduire les symptômes de la maladie, par l’utilisation d’agonistes à la dopamine. Cependant, il n’existe pas de traitement pour ralentir l’évolution de la maladie, on ne sait pas empêcher la mort neuronale. De plus, cette dégénérescence neuronale n’est malheureusement pas non plus limitée aux neurones dopaminergiques, ou au système moteur.
Quels sont les facteurs de risques de la maladie ? Quels sont les mécanismes responsables de la perte des neurones ? Et comment les contrer pour ralentir l’évolution de la maladie ? Les chercheurs et cliniciens mettent à profit l’environnement de l’Institut du Cerveau - ICM et ses plateformes technologiques de pointe pour répondre à ces questions et combattre la maladie.
Identifier des facteurs de risques génétiques afin de prévenir de la maladie
Après l’identification de 6 nouveaux gènes impliqués dans l’apparition de la maladie, en 2014, l’équipe d’Alexis BRICE vient de découvrir un nouveau gène, VPS13C, impliqué dans une forme précoce et très sévère de la maladie de Parkinson. Des mutations de ce gène entrainent une perte de fonction de la protéine correspondante qui pourrait jouer un rôle clef dans la protection des neurones à travers le maintien de la fonction mitochondriale. Ce résultat apporte une meilleure compréhension des mécanismes menant à la dégénérescence des neurones. Par ailleurs, ils permettront la mise en place d’un outil diagnostique pour ces formes très sévères de la maladie afin de les prendre en charge au plus vite.
Un mécanisme qui protège les neurones
L’équipe animée par Olga Corti dans le groupe d’Alexis Brice vient de découvrir un mécanisme qui protège les neurones de la mort cellulaire. La perte de ce nouveau mécanisme protecteur contribuerait au dysfonctionnement des mitochondries et à la dégénérescence des neurones dopaminergiques dans la maladie de Parkinson causée par la mutation du gène de la Parkine. Ces résultats permettent d’envisager de nouvelles perspectives thérapeutiques.
Identifier des marqueurs pour prédire et suivre la progression de la maladie
L’équipe de Marie Vidailhet et de Stéphane Lehéricy éclaire nos lanternes sur le mécanisme mis en jeu dans la maladie grâce à la mise en place d’une approche intégrée combinant des informations de nature génétique, métabolique, physiologique, clinique. L’étude ICEBEG menée par cette équipe sur 330 patients, personnes à risque et sujets sains a pour objectif d’identifier des marqueurs pronostics et prédictifs de la maladie pour mieux la comprendre et la diagnostiquer au plus tôt.
Identifier de nouvelles approches pharmacologiques et thérapeutiques
Au niveau des approches pharmacologiques, l’équipe d'Etienne Hirsch a mis en évidence un peptide viral qui semble empêcher la dégénérescence des neurones et travaille sur l'effet protecteur de différentes molécules. C’est une découverte inédite et prometteuse pour le développement de nouvelles applications thérapeutiques.
Pour identifier de nouvelles cibles thérapeutiques, l’équipe de Philippe Ravassard a développé des approches technologiquesinnovantes. Cette équipe s’intéresse aux neurones dopaminergiques. Des travaux sont en cours dans un modèle murin afin de déterminer le rôle d’un gène, impliqué dans la schizophrénie, GPR88, sur les symptômes moteurs et non-moteurs de la maladie de Parkinson.
Traiter les troubles de la marche grâce à la stimulation cérébrale profonde
Les troubles de la marche, de l’équilibre et les chutes qui leurs sont associées, causés par la maladie de Parkinson, constituent un problème majeur de santé publique. Des chercheurs de l’Institut du Cerveau - ICM ont récemment mis en évidence qu’une région du tronc cérébral est impliquée dans le contrôle de la marche chez l’Homme et que sa stimulation permettrait de réduire les troubles qui peuvent survenir. Ces travaux confirment que la stimulation cérébrale profonde pourrait améliorer les troubles de la marche et de l’équilibre chez certains patients atteints de la maladie de Parkinson. Grâce à ces résultats préliminaires, un essai thérapeutique de plus grande envergure est en cours.
Rééduquer grâce à des jeux thérapeutiques
Des jeux thérapeutiques ont également été mis en place par le laboratoire BRAIN e-NOVATION dont un jeu vidéo thérapeutique de rééducation, TOAP RUN. Son objectif est de rééduquer les patients atteints de la maladie de Parkinson afin de diminuer les troubles de la marche. Cette avancée technologique très prometteuse est actuellement testée auprès des patients.
Un traitement potentiel
Dans le cadre d’une étude multicentrique française coordonnée par le Pr Jean-Christophe Corvol, directeur du Centre d’Investigation Clinique de l’Institut du Cerveau - ICM, en collaboration avec les laboratoires IPSEN/Oncodesign, des résultats très prometteurs concernant un traitement potentiel contre la maladie de Parkinson ont été obtenus.