A l’occasion de la journée mondiale de la maladie d’Alzheimer, le 21 septembre, l’Institut du Cerveau revient sur les éléments clés de la maladie, l’enjeu du diagnostic précoce, de la compréhension des mécanismes de la maladie et le développement de nouveaux modèles pour la comprendre.
La maladie d’Alzheimer, des pertes de mémoire mais pas uniquement
La maladie d’Alzheimer frappe aujourd’hui 900 000 personnes en France avec des répercussions importantes sur leur entourage. Cette pathologie est souvent connue pour les pertes de mémoire que présentent les patients. C’est une maladie évolutive qui commence généralement par un syndrome amnésique isolé, progressif et inconnu du patient. Progressivement s’installent des troubles du langage (aphasie), de l’écriture (dysorthographie), du mouvement (apraxie), et la perte de la capacité́ à reconnaître des objets et des visages (agnosie). À ces symptômes peuvent s’associer des troubles de l’humeur (anxiété́, dépression, irritabilité́), du comportement et du sommeil.
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Le diagnostic de la maladie d’Alzheimer : détecter et agir précocement
Détecter précocement la maladie d’Alzheimer est une problématique essentielle pour la prise en charge. On sait à présent qu’il peut s’écouler plusieurs années voire dizaines d’années de progression silencieuse de la maladie avant que les symptômes visibles n’apparaissent. L’administration tardive des traitements, chez des patients présentant déjà des symptômes importants de la maladie, est possiblement l’une des raisons des très nombreux échecs de médicaments-candidats lors d’essais cliniques.
Un projet mené par 3 équipes de recherche de l’Institut et 2 services hospitaliers de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, portant sur deux cohortes précliniques, MEMENTO et INSIGHT-preAD, a mis en évidence, grâce à l’électroencéphalographie (EEG), des modifications précoces de l’activité électrique cérébrale chez des sujets au stade présymptomatique de la maladie d’Alzheimer.
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Trouver la bonne fenêtre thérapeutique et développer des outils permettant d’évaluer plus finement l’effet des thérapies à l’essai est donc un enjeu clé de la recherche sur la maladie d’Alzheimer. L’équipe de Stanley Durrleman (Inria) a mis au point un algorithme capable de prédire l’évolution de différentes caractéristiques de la maladie d’Alzheimer, plus précisément que 56 autres méthodes déjà existantes. Il pourrait constituer un outil précieux à la fois pour mieux comprendre l’évolution de la maladie mais aussi pour évaluer de nouvelles thérapies actuellement en phase d’essais cliniques.
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Comprendre les mécanismes de la maladie d’Alzheimer et développer de nouveaux modèles
Comment traiter ce que l’on ne comprend pas ? Cette question est récurrente quand il s’agit des maladies du cerveau. Lorsque l’on fait face à l’organe le plus complexe du corps humain, approcher son fonctionnement et ses dysfonctionnements est un défi immense. A l’Institut du Cerveau, les chercheurs développent une recherche fondamentale pour comprendre les mécanismes à l’échelle moléculaire et cellulaire de la maladie d’Alzheimer. Que se passe-t-il dans les cellules de notre cerveau qui va conduire à la formation des lésions caractéristiques de la maladie comme les plaques amyloïdes ?
L’équipe de Bassem Hassan (Inserm) a montré pour la première fois le lien direct entre deux mécanismes clés de la maladie d’Alzheimer : le défaut de la protéine précurseur amyloïde (APP) et celui de signalisation Wnt. Son équipe s’intéresse depuis longtemps à ces deux voies et a récemment révélé de nouvelles fonctions clés de l’homologue de la protéine précurseur amyloïde (APP) chez la drosophile dans un contexte physiologique et souligne son importance pour l’homéostasie du cerveau adulte.
En collaboration avec l’équipe de Marie Claude Potier (CNRS), qui possède une expertise sur les mécanismes moléculaires impliqués dans la production des agrégats amyloïdes, ils montrent également un effet direct de l’interaction Wnt-APP sur la production de l’amyloïde, une des protéines devenant pathologiques dans la maladie.
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La technologie des cellules souches pluripotentes induites (iPSC) permet d’obtenir, à partir de cellules de peau (ou de sang) de patients, des lignées de neurones qui posséderont toutes les caractéristiques des neurones présents dans le cerveau des malades d’Alzheimer. Le projet MINIAD (avec le soutien de MSDAVENIR) du groupe de Philippe Ravassard (CNRS) développent ces «mini-cerveaux», issus de cellules de patients présentant des formes et des stades différents de la maladie (lésions dégénératives de type Tau, plaques β-amyloïdes...), pour comprendre les mécanismes moléculaires dans la maladie et dans les prochaines années débuter des phases précoce d’évaluation de traitements.