Aller au contenu principal

Soit 34,00 après déduction fiscale de 66%

Je fais un don mensuel Je fais un don IFI
Recherche, Science & Santé

Impact des facteurs génétiques sur l'âge de début des symptômes dans des formes familiales de DFT

Publié le : 23/01/2018 Temps de lecture : 1 min
génétique

Des chercheurs et cliniciens de l’Institut du Cerveau – ICM et de l’APHP montrent, pour la première fois, l’influence de la génétique au sens large dans l’âge d’apparition de la maladie de certaines formes familiales de dégénérescences fronto-temporales. L’identification précise des facteurs génétiques devrait, à terme, permettre de mieux prédire l’âge de début de la maladie chez une personne à risque ce qui aura un impact direct pour le conseil génétique et la prise en charge des patients.

Les dégénérescences fronto-temporales (DFT) sont dues à une perte de neurones et une atrophie dans les régions frontales et temporales du cerveau. Elles se caractérisent par des troubles du comportement et/ou du langage et dans 15% des cas également par une atteinte du motoneurone qui se traduit par une sclérose latérale amyotrophique (SLA). Il s’agit de la 2e cause de démences précoces (avant 65 ans), après la maladie d’Alzheimer, avec environ 6 à 10 000 personnes atteintes en France.

Dans environ 40% des cas de DFT, une histoire familiale de la maladie est présente. Parmi les gènes plus fréquemment impliqués, on retrouve les gènes C9ORF72 et GRN. Dans ces formes génétiques, le tableau clinique de la maladie est très variable d’un patient à l’autre et notamment en ce qui concerne l’âge d’apparition de la maladie. Les premiers symptômes peuvent apparaître aussi bien dès 30 ans qu’à un âge très avancé (>75 ans) selon les individus porteurs d’une même mutation. Mais l’origine de cette variabilité reste encore inconnue, impactant le conseil génétique et la mise en place d’essais thérapeutiques notamment.

Dans d’une étude réunissant 504 patients, issus de 133 familles avec des mutations de C9ORF72 et 90 familles avec des mutations de GRN, Mathieu Barbier (APHP, Institut du Cerveau – ICM) et Isabelle Le Ber (APHP, Institut du Cerveau – ICM) ont croisé l’âge de début de la maladie avec la structure familiale, c’est-à-dire les relations entre les individus au sein des familles afin d’estimer le poids des facteurs génétiques ou héritabilité et observer les corrélations intrafamiliales.

« Notre objectif était d’évaluer la contribution des facteurs génétiques additionnels à la mutation responsable de la maladie sur l’âge d’apparition de la maladie. »

Les chercheurs ont ainsi pu montrer que, dans leur cohorte, la variabilité totale de l’âge de début des symptômes pouvait être expliquée à plus de 50% par les facteurs génétiques présents au sein des familles porteuses d’anomalies dans le gène C9ORF72, et dans une moindre mesure dans les familles avec mutations de GRN. Ils ont également étudié les différences de profils de corrélations intrafamiliales, entre frères et sœurs, parents et enfants.

« Ces différences suggèrent des facteurs génétiques plus influents qui seraient situés sur le chromosome X. » 

Cette étude est l’une des rares se basant sur une approche familiale. Elle a été rendue possible grâce au centre national de référence des démences rares ou précoces coordonné par Isabelle Le Ber et dirigé par le Pr Bruno Dubois, et grâce au réseau national de recherche sur les DFT et DFT/SLA, qui ont permis d’obtenir des informations cliniques détaillées sur les patients et apparentés de familles DFT/SLA.

« Cette première étape souligne l’importance d’observer ce qui se passe dans les familles pour estimer le poids de la génétique dans l’évolution de la maladie et emmètre de nouvelles hypothèses. Grâce à l’identification précise de ces facteurs génétiques sur laquelle nous travaillons actuellement, il devrait être possible d’identifier des cibles biologiques pour retarder l’apparition de la maladie et mieux prédire l’apparition des symptômes. Cela aura un impact direct sur le conseil génétique, la prise en charge du patient et la mise en place d’essais cliniques et thérapeutiques. » Isabelle Le Ber (APHP, Institut du Cerveau – ICM) et Mathieu Barbier (APHP, Institut du Cerveau – ICM).

Sources

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29264395/
Barbier M, Camuzat A, Houot M, Clot F, Caroppo P, Fournier C, Rinaldi D, Pasquier F, Hannequin D, Pariente J, Larcher K; French Clinical and Genetic Research Network on FTD/FTD-ALS*; Predict-PGRN & PrevDemAls Study Groups†, Brice A, Génin E, Sabbagh A, Le Ber I. Neurol Genet. 2017 Dec 13.

D'autres actualités qui pourraient vous intéresser

Monocyte – un globule blanc qui se différencie en macrophage. Crédit : Université d’Edinbourg.
Découverte d’une anomalie liée aux macrophages dans la sclérose en plaques
Certains patients atteints de sclérose en plaques possèdent la capacité de régénérer partiellement la myéline, la gaine qui entourent les fibres nerveuses et qui est endommagée au cours de la maladie. En étudiant comment les cellules immunitaires...
08.11.2024 Recherche, Science & Santé
Interneurones. Crédit : UCLA Broad Stem Cell Research Center.
Cibler les interneurones inhibiteurs du striatum pour stopper les comportements compulsifs
Et si on pouvait résister aux compulsions ? Ces comportements irrationnels, que l’on observe notamment dans les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), sont très difficiles à réfréner. Pourtant, à l’Institut du Cerveau, l’équipe d’Éric Burguière...
09.09.2024 Recherche, Science & Santé
Les nerfs moteurs présents dans la moelle épinière se projettent vers la périphérie, où ils entrent en contact avec les muscles, formant des connexions appelées jonctions neuromusculaires. Crédit : James N. Sleigh.
Maladie de Charcot : les effets inattendus des ultrasons
Depuis une quinzaine d’années, les neurochirurgiens perfectionnent une technique fascinante : ouvrir temporairement la barrière hémato-encéphalique via des ultrasons, pour faciliter l’action de molécules thérapeutiques dans le système nerveux central...
30.08.2024 Recherche, Science & Santé
Un neurone
Syndrome de Rett : une nouvelle thérapie génique en vue
La thérapie génique pourrait constituer notre meilleure chance de traiter le syndrome de Rett, un trouble neurologique qui entraîne des déficiences intellectuelles et motrices graves. À l’Institut du Cerveau, Françoise Piguet et ses collègues ont...
11.07.2024 Recherche, Science & Santé
Lésions d’un patient à l’inclusion dans le protocole (M0) disparues après 2 ans de traitement à la Leriglitazone (M24)
Le double effet de la leriglitazone dans l'adrénoleucodystrophie liée au chromosome X (ALD-X)
En 2023, l’équipe du Professeur Fanny Mochel (AP-HP, Sorbonne Université), chercheuse à l’Institut du Cerveau montrait que la prise quotidienne de leriglitazone permettait de réduire la progression de la myélopathie des patients atteints d...
24.06.2024 Recherche, Science & Santé
Une tête de statue de l'île de Pâques sur laquelle sont posées des éléctrodes
Un meilleur pronostic de retour à la conscience des patients placés en réanimation
Lorsqu’un patient est admis en réanimation à cause d’un trouble de la conscience — un coma par exemple — établir son pronostic neurologique est une étape cruciale et souvent difficile. Pour réduire l’incertitude qui prélude à la décision médicale, un...
04.06.2024 Recherche, Science & Santé
Voir toutes nos actualités