Jusqu’à présent, il était impossible de faire l’ablation d’une tumeur cérébrale et encore moins de moduler finement l’activité d’un circuit de neurones dans le cerveau sans ouvrir la boîte crânienne. Dans certains cas très particuliers, il est possible de détruire une tumeur par rayons X (Gamma-Knife) mais la méthode a des limites. Quant à l’introduction d’électrodes dans les structures profondes du cerveau, par exemple dans certains cas de maladie de Parkinson, elle ne peut se faire sans trépanation. Tel ne sera peut être plus le cas dans quelques années à la suite des découvertes de l’équipe de Physique Théorique de l’Institut Langevin, à Paris, connue pour son expertise dans le domaine des ultrasons. En inventant un nouveau concept de “retournement temporel”, ces auteurs ont des résultats probants pour penser qu’il est possible de détruire une tumeur ou de modifier l’activité d’un circuit neuronal par voie exocrânienne. Profitant de cette découverte sensationnelle, Mathias Fink, Mickael Tanter, Jean-François Aubry et leurs collaborateurs ont décidé d’entamer une coopération avec les neurochirurgiens et les neurologues de l’hôpital de la Salpêtrière au sein de l’Institut du Cerveau (Anne-Laure Boch, Carine Karachi, Michel Baulac, Marie Laure Welter… et bien d’autres). Une entreprise spécialisée dans l’utilisation médicale des ultrasons (Supersonic Imagine) envisage de rejoindre la pépinière de l’Institut du Cerveau de façon à accélérer le passage des résultats scientifiques à la thérapeutique chez l’homme. Les affections qui pourraient profiter de ces avancées sont, d’une part, les tumeurs cérébrales, d’autre part, l’épilepsie, la maladie de Parkinson voire certaines maladies psychiatriques graves résistantes à tout traitement… autant de maladies dont les symptômes peuvent être améliorés ou supprimés par modulation de circuits de neurones bien identifiés.