Chez l’Homme, la « théorie de l’esprit » est la capacité qui permet de comprendre les états mentaux des autres : ce qu’ils pensent, ce qu’ils ressentent, ce qu’ils veulent, ce qu’ils aiment…. Elle joue un rôle majeur dans les interactions sociales humaines.
Mais quelle est l’origine évolutive de cette compétence ? Quel type de pression de sélection a finalement abouti à en munir l’espèce humaine ?
Pour apporter des éléments de réponse, Jean Daunizeau, chercheur à l’Inserm au sein de l’Institut du Cerveau, Shelly Masi (Muséum National d’Histoire Naturelle, MNHN) et ses collaborateurs ont tout d’abord développé une mesure du niveau de sophistication de la théorie de l’esprit, basée sur l’analyse du comportement dans des jeux interactifs simples. Après avoir validé cette méthode chez l’Homme, ils l’ont utilisé pour comparer le niveau de sophistication de la théorie de l’esprit chez sept espèces de primates non humains, depuis les lémuriens jusqu’aux grands singes (gorilles, orang-outan et chimpanzés).
Leur étude fournie pour la première fois des données sur les origines de l’intelligence sociale humaine. En particulier, les résultats de l’étude vont à l’encontre de l’hypothèse généralement admise, qui stipule que la théorie de l’esprit s’est développée en réponse aux problèmes posés par la complexité du groupe social dans lequel évolue l’animal.
Enfin, les chercheurs ont identifié une grande différence, un « gap » évolutif, entre les capacités de théorie de l’esprit des grands singes et celles des humains. Ces travaux sont publiés dans Plos Computational Biology.
Cet article a précédemment été publié sur le site de l'Inserm.