Le syndrome de Gilles de la Tourette (SGT) comme de nombreuses maladies neurologiques présente une composante génétique. Sans être héréditaire, il existe une prédisposition génétique augmentant le risque de développer la maladie pour les apparentés d’un patient.
Les mécanismes biologiques du syndrome de Gilles de la Tourette
Les mécanismes précis à l’origine des symptômes du syndrome Gilles de la Tourette sont encore mal compris. Cependant, les réseaux cérébraux reliant le cortex cérébral aux structures profondes, connues sous le nom de noyaux gris centraux, jouent un rôle clé dans la genèse des tics et des autres symptômes apparentés
Récemment, une analyse histologique mené par équipe de Université de Yale a suggéré que les anomalies observées pourraient refléter un trouble de la migration des interneurones GABAergiques dans le striatum, une structure clé des noyaux gris centraux. Le striatum joue un rôle central en relayant les informations corticales et en permettant la sélection de l’action la plus adaptée à une situation donnée. Les interneurones GABAergiques, absents ou dysfonctionnels dans cette région, sont essentiels à l’intégration synaptique des informations corticales, conditionnant ainsi la précision des interactions entre sensation et action.
Une étude menée à l’Institut du Cerveau par le Pr Yulia Worbe et ses collaborateurs dans l’équipe MOV’IT a utilisé une méthode avancée d’analyse informatique pour explorer la connectivité cérébrale au repos chez les personnes atteintes du syndrome de Gilles de la Tourette. Les résultats ont révélé des différences importantes dans les réseaux cérébraux, notamment au niveau du striatum, du cervelet et du cortex insulaire, qui permettent de distinguer les patients des personnes non atteintes. L’analyse a également montré que les patients sous traitement présentent des connexions cérébrales différentes de celles des patients non traités, en particulier entre le noyau caudé (une partie du striatum) et le cortex insulaire. Ces travaux mettent en lumière le rôle clé des réseaux cérébraux dans ce syndrome et ouvrent la voie à l’utilisation de l’imagerie cérébrale pour améliorer le diagnostic et évaluer plus précisément l’efficacité des traitements.
À l’Institut du Cerveau
Des travaux portant sur des patients présentant des manifestations soudaines d’agressions verbales ou physique ont permis de mettre en évidence par IRM fonctionnelle une diminution des connexions au sein du cortex orbito-frontal et un dysfonctionnement de la connectivité entre le cortex orbito-frontal, l’amygdale et l’hippocampe. Cette étude conclue que ces « crises » explosives résultent d’un contrôle inefficace des actions et un dysfonctionnement de la régulation émotionnelle et de l’impulsivité.
- Dans une étude publiée dans la revue Brain, Yulia Worbe et ses collaborateurs, (Equipe « Mov’It : Mouvement, Investigations, Thérapeutique. Mouvement normal et anormal : physiopathologie et thérapeutique expérimentale » dirigée par les Prs VIDAILHET et LEHERICY) ont montré que les patients atteints d’un syndrome de Gilles de la Tourette développent davantage de comportements habituels que des sujets sains du même âge.
Ces résultats apportent un nouvel éclairage sur les mécanismes à la base de la formation et de la persistance des tics, qui pourraient être en partie des actions apprises devenant automatiques, et persistant de la même manière que de mauvaises habitudes. Des altérations de certains réseaux neuronaux impliqués dans la genèse des habitudes pourraient expliquer l’exacerbation de ces comportements chez les patients.
Plus d’informations : https://institutducerveau-icm.org/fr/actualite/le-syndrome-de-gilles-de-la-tourette-les-tics-une-mauvaise-habitude/