Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) touche 2 à 3% de la population. Les TOC se caractérisent par l’apparition en moyenne vers 20 ans (vers 14 ans dans 25% des cas), d’idées ou d’images répétées, persistantes, non désirées et souvent anxiogènes. Ces obsessions sont souvent accompagnées de comportements répétitifs censés neutraliser l’anxiété et l’angoisse conséquentes aux obsessions, les compulsions. On considère les TOC comme une maladie du comportement, de la pensée et des émotions. Un tiers environ des patients présentant des TOC ont présenté ou présentent encore des TIC.
Les mécanismes psychologiques des TOC
Les mécanismes psychologiques des tocs sont eux assez bien connus et identifiés. La majorité des comportements obsessionnels compulsifs sont liés à des craintes irrationnelles concernant le danger ou le risque pour soi-même ou pour son entourage. La notion de responsabilité voire de culpabilité vis-à-vis ce qui pourrait arriver est permanente chez les patients, ils sont trop investis dans leur propre sécurité et celle d’autrui.
Ces peurs induisent chez le patient des obsessions, des pensées ou des images récurrentes, non désirée et très anxiogènes et portent pour la plupart sur les conséquences dramatiques que pourraient avoir des erreurs éventuelles dans le comportement ou les actes du patient en terme d’accident ou de mort.
La plupart des patients atteints de TOC sont conscients que leurs obsessions ne sont pas réalistes mais sont dans l’incapacité de s’y soustraire.
Les mécanismes de rituels compulsifs des TOC
Afin d’atténuer voir de supprimer ces obsessions, les patients mettent en place des mécanismes de rituels compulsifs, qui doivent être réalisés de manière précise. La peur irrationnelle de la contamination par des virus ou des bactéries par exemple, peut conduire dans les TOC à des comportements répétitifs excessifs comme se laver les mains pendant 2 heures minimum par jour ou encore se doucher en suivant un protocole très précis, savonner 17 fois chaque aisselle, 20 fois chaque pied en commençant par le droit et recommencer le rituel depuis le début à la moindre erreur ou si l’on perd le compte.
Ces rituels peuvent amener le patient à y consacrer plus de 8 heures par jours, entrainant une désocialisation, une perte d’emploi et une souffrance de l’entourage.
Travailler, manger, rencontrer d’autres personnes deviennent des activités très difficiles à réaliser. Si l’on prend l’exemple de la conduite d’une voiture, certains patients doivent revenir 20 fois sur leurs pas pour être sûr de n’avoir tué personne sur le chemin et doivent en plus vérifier dans plusieurs médias pendant plusieurs jours qu’aucun accident n’a eu lieu au moment de leur déplacement.
Là encore, comme pour les obsessions, la plupart des patients atteints de trouble obsessionnel compulsif (TOC) sont conscients qu’elles ne vont pas mourir d’une infection si elle ne savonne pas 17 fois chaque aisselle mais le besoin d’effectuer ces rites est irrépressibles pour calmer leur angoisse et leur peur.
Ces comportements obsessionnels compulsifs piègent les patients dans un cercle vicieux, l’obsession entraine un rituel, qui une fois effectué génère de nouvelles obsessions.
D’un point de vue plus scientifique, ce dysfonctionnement de comportement semble découler de ce que les chercheurs appellent « des doutes envahissants » qui sont probablement dus à un dérèglement du contrôle de l’incertitude impliqué dans la prise de décision.
À l’Institut du Cerveau
L’équipe « Neurophysiologie des comportements répétitifs » dirigée par Eric BURGUIERE, chercheur CNRS cherchent à identifier les dysfonctionnements cérébraux à l’origine de se doute pathologique et à comprendre pourquoi et comment les comportements répétés apparaissent et deviennent « automatisés ».
Grâce à une approche translationnelle dans des modèles expérimentaux et chez les patients atteints de TOC, et en utilisant l’imagerie cérébrale, les chercheurs de cette équipe ont mise en évidence le rôle essentiel de deux régions du cerveau dans cette pathologie.
La région orbito-frontale est impliquée dans l’apparition du doute envahissant à l’origine des comportements répétitifs de vérification alors que des régions plus profondes du cerveau appelées « ganglions de la base » sont-elles plus impliquées dans la gestion des émotions.
L’objectif ce cette équipe de recherche est également de comprendre comment l’activité des neurones de ces régions est perturbée dans les troubles obsessionnels compulsifs.
Grace à l’Imagerie par résonnance Magnétique Fonctionnelle (IRMf) et à des enregistrements de magnéto-encéphalographie (MEG), les chercheurs ont montré que l’activité neuronale de ces zones du cerveau était fortement augmentée chez les patients atteints de TOC.
L’IRMf est une technique d’imagerie du cerveau qui permet de mesurer l’activité des neurones dans des zones cérébrales sollicitées lorsque la personne effectue une tache comme de la lecture, bouger un membre ou encore regarder des images en mesurant l’augmentation du flux sanguin dans ces zones.
La MEG permet également de mesurer l’activité cérébrale lors de l’accomplissement d’une tache en mesurant le champ électromagnétique émis par les neurones actifs.
Une des hypothèses pour expliquer cette hyperactivation de ces régions du cerveau est basée sur une perturbation des niveaux de neuromédiateurs (molécules indispensables au passage des informations d’un neurone à l’autre) comme la sérotonine, la dopamine en encore la vasopressine.