Une étude de chercheurs et cliniciens de l’Institut du Cerveau (Inserm/CNRS/Sorbonne Université) et de l’AP-HP (Hôpitaux Henri Mondor et Pitié-Salpêtrière) confirment l’effet bénéfique de la stimulation cérébrale profonde sur plusieurs structures du cerveau dans les troubles obsessionnels compulsifs sévères et résistants aux traitements médicamenteux. Les résultats sont publiés dans la revue Biological Psychiatry.
Depuis plus de 10 ans, la stimulation cérébrale profonde est source d’espoir pour le traitement des troubles obsessionnels compulsifs (TOCs), considéré comme un des troubles les plus invalidants par l’OMS. Le TOC est associé à un plus grand nombre d’années perdues en raison de l’incapacité que la sclérose en plaques et la maladie de Parkinson réunies. Il se manifeste par 2 grandes catégories de symptômes : les obsessions sous la forme de pensées, d’images à contenus désagréables qui s’imposent involontairement au sujet. Ces obsessions génèrent une anxiété majeure et nécessitent de la part de ce dernier la réalisation de comportements répétés, des rituels pour tenter d’apaiser ces idées angoissantes.
Les traitements par psychothérapie cognitivo-comportementale (TCC) et/ou les antidépresseurs sérotoninergiques prescrits à doses élevées pour obtenir un effet anti-TOC permettent d’améliorer les symptômes de deux tiers des patients. Pour le tiers restant, les stratégies thérapeutiques font appel à des combinaisons de traitements complexes, et pour une part d’entre eux, la stimulation cérébrale profonde (DBS) représente une vraie perspective thérapeutique.
Dans une nouvelle étude, publié dans la revue Biological Psychiatry, des chercheurs et cliniciens de l’Institut du Cerveau ont analysé les effets de la DBS sur trois structures cérébrales, le noyau subthalamique, le noyau accumbens et le noyau caudé, chez 8 patients atteints de TOCs sévères et résistants à tous les traitements disponibles. Il s’agit de la première étude qui compare l’effet de la DBS sur trois cibles distinctes dans le cerveau chez les mêmes patients.
Leurs résultats montrent une réduction quasi-équivalente des symptômes quelle que soit la structure stimulée après 3 mois de stimulation, mais la majorité des patients ont exprimé une préférence subjective pour la stimulation d’une région du noyau subthalamique, sans pour autant savoir que c’était cette structure qui était ciblée. Ils mettent aussi en évidence la possibilité d’identifier des prédicteurs précoces de réponse de la stimulation du noyau sous-thalamique à long-terme.
La présente étude confirme le bénéfice de la stimulation de différentes structures profondes du cerveau chez les patients atteints de troubles obsessionnels compulsifs sévères et résistants aux autres traitements disponibles, soulignant l’intérêt d’identifier précisément les réseaux neuronaux sous-tendant ces troubles. Des recherches sont encore nécessaires pour identifier des caractéristiques précises prédisant la réponse ou non des patients à la stimulation cérébrale profonde.
* Mallet, L., Du Montcel, S. T., Clair, A.-H., Arbus, C., Bardinet, E., Baup, N., Chabardès, S., Chéreau, I., Czernecki, V., Fontaine, D., Harika-Germaneau, G., Haynes, W. I., Houeto, J.-L., Jaafari, N., Krack, P., Millet, B., Navarro, S., Polosan, M., Pelissolo, A. and Welter, M.-L. (2019) ‘Long-term effects of subthalamic stimulation in Obsessive-Compulsive Disorder: Follow-up of a randomized controlled trial’, Brain Stimulation, 12(4), 1080-1082.
Sources
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33012521/
Welter ML, Alves Dos Santos JF, Clair AH, Lau B, Diallo HM, Fernandez-Vidal S, Belaid H, Pelissolo A, Domenech P, Karachi C, Mallet L. Biol Psychiatry. 2020 Oct 2
L’équipe s’intéresse aux mécanismes neuro-fonctionnels qui sont à la base des comportements répétitifs normaux et pathologiques. L’objectif principal étant d’identifier les dynamiques neurophysiologiques qui sous-tendent l’acquisition et la...
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