Lors des crises généralisées, durant lesquelles les activités épileptiques affectent l’ensemble du cortex cérébral, les patients subissent une interruption de leurs processus conscients et sont incapables de traiter de manière efficace les stimuli sensoriels. En utilisant un modèle génétique de l’épilepsie-absence, une épilepsie généralisée des enfants conduisant à une perturbation des tâches cognitives et de la perception consciente, l’équipe de Stéphane Charpier vient de montrer que ces crises annulent à chaque instant la capacité des neurones du cortex à recevoir et à traiter les informations provenant de l’extérieur. Il s’agit de la première démonstration en « temps réel » d’un mécanisme neuronal participant à l’interruption des mécanismes de la perception consciente lors de crises généralisées. Une étude complémentaire chez de jeunes patients épileptiques sera bientôt réalisée en collaboration avec l’Hôpital Rothschild.
L’épilepsie est l’une des maladies neurologiques les plus fréquentes qui touche près de 1 % de la population. Une crise d’épilepsie résulte d’activités électriques excessives et hypersynchrones dans un ensemble de neurones du cortex, ce qui peut altérer la capacité de ces neurones à recevoir et à transmettre l'information.
Les symptômes épileptiques sont variables. Les crises d’absence, survenant plus particulièrement chez les jeunes enfants et les adolescents, se caractérisent par des épisodes de quelques secondes d’altérations de la conscience, associée à une absence de réponse aux stimuli environnementaux et un arrêt des comportements en cours. Durant cette période, le malade subit des pertes de contact avec l’extérieur, il est métaphoriquement « absent ».
Dans un article publié dans the Journal of Physiology (London), des scientifiques de l'équipe de Stéphane Charpier (Dynamiques des Réseaux et Excitabilité Cellulaire) ont étudié, dans un modèle expérimental de l’épilepsie-absence, les modifications de certaines propriétés des neurones initiateurs et responsables des crises. Pour cela, ils ont notamment combiné différents types d’enregistrements in vivo de l’activité électrique de ces neurones (associant un électroencéphalogramme avec un enregistrement intra-neuronal). Ils ont observé une augmentation de l’activité et de la sensibilité des neurones entre les crises, alors que, pendant les crises leur réponse aux stimulations est hautement variable, alternativement amplifiée et atténuée, rendant le traitement des informations instables et probablement inefficace.
Les chercheurs ont ainsi mis en évidence que les crises annulent à chaque instant la capacité de ces neurones à intégrer de manière fiable et reproductible les informations exogènes, c’est à dire, à traiter efficacement les stimuli sensoriels, compromettant la stabilité de l’activité de ces derniers qui est requise pour les expériences conscientes.
Il s’agit de la première démonstration en « temps réel » d’un mécanisme neuronal participant à l’interruption des mécanismes de la perception consciente lors de crises généralisées. Une étude complémentaire chez de jeunes patients épileptiques sera bientôt réalisée en collaboration avec l’Hôpital Rothschild.
Sources
Integrative properties and transfer function of cortical neurons initiating absence seizures in a rat genetic model.
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27311433
Williams Mark S., Altwegg-Boussac Tristan, Chavez Mario, Lecas Sarah, Mahon Séverine and Charpier Stéphane. The Journal of Physiology, June 17, 2016.