L’instabilité de la posture est le premier facteur associé aux chutes chez les patients parkinsoniens mais il existe d’autres symptômes tels que les troubles oculaires. Des équipes de l’hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP et de l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (Inserm, CNRS, Sorbonne Université) se sont penchés sur le lien entre ces troubles oculaires observés chez certains patients et l’instabilité de la posture. Leurs résultats mettent en évidence un nouveau marqueur potentiel du contrôle postural dans la maladie de Parkinson. Ces résultats sont publiés dans la revue Neurology.
Certains patients atteints de la maladie de Parkinson présentent des dysfonctionnements au niveau de mouvements volontaires des yeux, les « antisaccades ». Le Dr Claire Ewenczyk, au sein de l’équipe du Pr Marie Vidailhet, et le Pr Stéphane Lehéricy, de l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (Inserm, CNRS, Sorbonne Université) à l’hôpital Pitié Salpêtrière AP-HP, a mené une étude chez 30 patients parkinsoniens avec ou sans troubles du contrôle postural et 25 sujets sains.
Les chercheurs ont testé la marche et l’équilibre chez les patients et ont par ailleurs enregistré l’initiation de la marche et le mouvement des yeux. En parallèle, ils ont étudié les interactions entre deux régions cérébrales : la région oculomotrice frontale, jouant un rôle important dans l’attention visuelle et les mouvements des yeux, et la région locomotrice mésencéphalique, largement impliquée dans le contrôle de la posture et des mouvements oculaires.
Leurs résultats montrent que les patients avec des troubles de la posture présentent également un temps de réaction anormal (latence) des mouvements volontaires des yeux. Cette anomalie est corrélée à une variation des paramètres lors de l’initiation du pas, notamment de la durée des ajustements posturaux anticipatoires, mécanismes mis en place par le système nerveux central pour maintenir l’équilibre en position debout lors de l’exécution de mouvements volontaires.
L’étude des interactions cérébrales entre la région oculomotrice frontale et la région locomotrice mésencéphalique révèle, chez les sujets sains, une corrélation entre les connexions fonctionnelles de ces régions et la latence des mouvements volontaires des yeux. Lorsque les patients sont atteints de la maladie de Parkinson, cette association disparait. Ceci suggère une atteinte étendue de la région mésencéphalique dans la maladie, qui est impliquée à la fois dans le contrôle de la posture et des mouvements des yeux.
L’allongement du temps de réaction des mouvements des yeux ou « antisaccades », un paramètre simple et fiable, pourrait constituer un marqueur pronostic du contrôle postural dans la maladie de Parkinson et être utilisé pour l’évaluation des patients dans de futures études longitudinales.
Sources
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28130466/
Ewenczyk C, Mesmoudi S, Gallea C, Welter ML, Gaymard B, Demain A, Yahia Cherif L, Degos B, Benali H, Pouget P, Poupon C, Lehericy S, Rivaud-Péchoux S, Vidailhet M.