Aller au contenu principal

Soit 34,00 après déduction fiscale de 66%

Je fais un don mensuel Je fais un don IFI
Recherche, Science & Santé

Au coeur du rêve

Publié le : 01/12/2019 Temps de lecture : 1 min
attrape-rêves

Tout le monde rêve… Le Pr Isabelle Arnulf, chef de service du département des pathologies du sommeil à la Pitié-Salpétrière l’a démontré…. Mais à quoi servent les rêves et les cauchemars ? Que nous apprennent-ils sur le cerveau ? Et peut-on les contrôler ?

Quelles sont les fonctions du rêve ?


Je pense qu’il est impossible de dissocier les fonctions du rêve des fonctions du sommeil.  Contrairement aux idées reçues, nous rêvons tout le temps, même si on ne s’en souvient pas ! Notre pensée et nos images mentales ne s’arrêtent jamais, le sommeil n’est pas un coma. Le rêve est une activité cognitive produite par le cerveau endormi. Les comprendre permettrait de comprendre une partie du travail qui se fait dans nos têtes pendant le sommeil.

Deux tiers des rêves sont négatifs, une hypothèse est qu’ils nous permettraient de digérer nos émotions négatives.

 

Comment les rêves nous permettent-ils de digérer nos émotions négatives ?


Au cours du sommeil, il y a un dialogue entre trois zones du cerveau, la région de la mémoire, l’hippocampe, la région des émotions, l’amygdale et le cortex préfrontal médian. Des chercheurs ont mené une expérience intéressante chez des sujets sains. Ils leur ont demandé de regarder des images horribles avant de dormir et ont observé que ces images entrainent l’activation de la région des émotions. Le lendemain matin, les mêmes images leur sont présentées mais, cette fois, elles ne provoquent plus l’activation de l’amygdale. Si la même expérience est réalisée à 8h et à 18h, c’est à dire sans temps de sommeil entre les deux, les régions liées aux émotions s’activent de la même façon.

Les émotions seraient donc « digérées » pendant la nuit. L’hypothèse est que nous refaisons les expériences négatives pendant la nuit pour les dégrader. Nous coupons en petits morceaux des ressentis émotionnels et des souvenirs et nous associons des choses qui n’ont rien à voir entre elles pour les assimiler. Par exemple, au lieu d’un monstre qui me fait très peur, je vais rêver de ma sœur qui me fait un petit peu peur… Tant que la boucle fonctionne, la désensibilisation à l’émotion se fait. Mais si l’émotion est trop forte, elle vous réveille et c’est à ce moment-là qu’on parle de cauchemar.

Le mauvais rêve aurait donc des bénéfices et le cauchemar est un échec de ce processus, l’émotion est tellement forte qu’elle réveille la personne et elle ne peut pas être digérée et tant qu’elle n’est pas digérée le cauchemar revient.

 

Les cauchemars récurrents, quelles solutions ?


Il existe des techniques cognitives très simples pour faire disparaître les cauchemars récurrents. Pour cela, la personne reprend le scénario du cauchemar, imagine une autre fin au moment où le cauchemar dégénère, la visualise et la répète deux fois par jour pendant dix minutes. Au bout de quelques jours, le cauchemar a disparu. Comme si on apprenait au cerveau de ne plus être en « bug », à prendre un autre chemin, grâce à cette propriété qu’à le cerveau de répéter ce qu’il vient d’apprendre. Cette technique de répétition d’images mentales fonctionne en 4 séances.

 

Que peut-on apprendre des rêveurs lucides ?


Les rêveurs lucides peuvent diriger leurs rêves et nous en informer par un code oculaire, car la seule chose qui peut bouger en sommeil paradoxal, dernière phase du sommeil au cours de laquelle se produisent les rêves dont on se souvient, ce sont les yeux.

Nous cherchons à élucider l’apprentissage moteur, quand nous apprenons une séquence au piano, au début nous sommes obligés d’y penser pour la réaliser puis au bout d’un certain temps, nous la réalisons de façon automatique, sans y penser, nous automatisons la tâche. Si cette séquence est répétée avant de dormir, le lendemain matin elle est déjà beaucoup plus automatisé que la veille. Quand vous rêvez que vous jouez du piano, la région du cerveau qui bouge les mains est activée et s’allume sur l’IRM. Pendant le sommeil, un certain nombre de circuits se mettent en place pour faire passer les informations d’une zone consciente à une zone automatique.

Nous avons des patients qui sont des rêveurs lucides professionnels. Ils vont nous aider à comprendre comment le cerveau automatise une séquence gestuelle en la reproduisant pendant le sommeil. Comme ces personnes sont capables de refaire la séquence en rêve, nous pouvons visualiser ce qui se passe dans un cerveau en train d’apprendre une nouvelle chose, et donc nous allons visualiser ce qui se passe dans le cerveau quand une tâche apprise devient automatique. Nous allons suivre dans le cerveau, le mouvement des doigts et les régions activées puis à quel moment cette activité quitte le cortex pour être stockée dans une zone qui gère les actions automatisées. En effet tous les apprentissages moteurs se font pendant le sommeil. Ces rêveurs vont nous permettre de décrypter les mécanismes mis en place par le cerveau.

D'autres actualités qui pourraient vous intéresser

Monocyte – un globule blanc qui se différencie en macrophage. Crédit : Université d’Edinbourg.
Découverte d’une anomalie liée aux macrophages dans la sclérose en plaques
Certains patients atteints de sclérose en plaques possèdent la capacité de régénérer partiellement la myéline, la gaine qui entourent les fibres nerveuses et qui est endommagée au cours de la maladie. En étudiant comment les cellules immunitaires...
08.11.2024 Recherche, Science & Santé
Interneurones. Crédit : UCLA Broad Stem Cell Research Center.
Cibler les interneurones inhibiteurs du striatum pour stopper les comportements compulsifs
Et si on pouvait résister aux compulsions ? Ces comportements irrationnels, que l’on observe notamment dans les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), sont très difficiles à réfréner. Pourtant, à l’Institut du Cerveau, l’équipe d’Éric Burguière...
09.09.2024 Recherche, Science & Santé
Les nerfs moteurs présents dans la moelle épinière se projettent vers la périphérie, où ils entrent en contact avec les muscles, formant des connexions appelées jonctions neuromusculaires. Crédit : James N. Sleigh.
Maladie de Charcot : les effets inattendus des ultrasons
Depuis une quinzaine d’années, les neurochirurgiens perfectionnent une technique fascinante : ouvrir temporairement la barrière hémato-encéphalique via des ultrasons, pour faciliter l’action de molécules thérapeutiques dans le système nerveux central...
30.08.2024 Recherche, Science & Santé
Un neurone
Syndrome de Rett : une nouvelle thérapie génique en vue
La thérapie génique pourrait constituer notre meilleure chance de traiter le syndrome de Rett, un trouble neurologique qui entraîne des déficiences intellectuelles et motrices graves. À l’Institut du Cerveau, Françoise Piguet et ses collègues ont...
11.07.2024 Recherche, Science & Santé
Lésions d’un patient à l’inclusion dans le protocole (M0) disparues après 2 ans de traitement à la Leriglitazone (M24)
Le double effet de la leriglitazone dans l'adrénoleucodystrophie liée au chromosome X (ALD-X)
En 2023, l’équipe du Professeur Fanny Mochel (AP-HP, Sorbonne Université), chercheuse à l’Institut du Cerveau montrait que la prise quotidienne de leriglitazone permettait de réduire la progression de la myélopathie des patients atteints d...
24.06.2024 Recherche, Science & Santé
Une tête de statue de l'île de Pâques sur laquelle sont posées des éléctrodes
Un meilleur pronostic de retour à la conscience des patients placés en réanimation
Lorsqu’un patient est admis en réanimation à cause d’un trouble de la conscience — un coma par exemple — établir son pronostic neurologique est une étape cruciale et souvent difficile. Pour réduire l’incertitude qui prélude à la décision médicale, un...
04.06.2024 Recherche, Science & Santé
Voir toutes nos actualités