Aller au contenu principal

Soit 34,00 après déduction fiscale de 66%

Je fais un don mensuel Je fais un don IFI
Recherche, Science & Santé

Ataxies, les canaux frappent encore : un combat commun avec l’épilepsie ?

Publié le : 22/10/2015 Temps de lecture : 1 min
ataxie cervelet

Giovanni Stevanin, chercheur à l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière, et ses collaborateurs ont identifié une mutation récurrente dans un nouveau gène responsable d’ataxie cérébelleuse qui code un canal calcique exprimé dans certains neurones du cervelet.

De nombreux médicaments régulant l’activité des canaux calciques sont largement utilisés et cette découverte pourrait mener à des avancées thérapeutiques pour ces maladies rares. Cette étude est publiée dans la revue The American Journal of Human Genetics.

Les ataxies cérébelleuses sont des maladies dégénératives touchant le cervelet, structure majeure du système nerveux central, intervenant dans l’équilibre et la coordination. Les patients atteints présentent des symptômes très invalidants, handicapant la marche ou la réalisation des mouvements. Certaines formes d’ataxie cérébelleuse sont d’origine génétique. Même si plus de 50 gènes impliqués ont été découverts, la cause reste encore inconnue chez plus de 40% des patients.

Grâce à la combinaison de nouvelles technologies de séquençage à haut débit et de cartographie du génome à grande échelle, Giovanni Stevanin et Marie Coutelier à l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière, Philippe Lory à l’Institut de Génétique Fonctionnelle à Montpellier et leurs collaborateurs ont identifié une mutation récurrente (affectant 3 familles indépendantes) dans un nouveau gène, CACNA1G, responsable de formes autosomiques dominantes d’ataxie cérébelleuse. Ce gène code un canal (Cav3.1) laissant passer les ions calcium dans certains neurones du cervelet, les cellules de Purkinje. La mutation affecte une partie critique de la protéine qui est responsable de la détection des changements de potentiel de la membrane cellulaire qui entraînent l’ouverture ou la fermeture du canal. La mutation décrite rend le canal moins sensible, c’est-à-dire que son activité est globalement diminuée.

Ces résultats attirent à nouveau l’attention sur l’importance majeure des canaux ioniques dans les processus menant à l’ataxie cérébelleuse. De façon intéressante, des mutations qui augmentent l’activité de ce canal ont été décrites comme des facteurs de risque d’épilepsie ce qui constitue un lien à approfondir pour mieux comprendre ces deux familles de pathologies. L’association fréquente des syndromes ataxiques et épileptiques liés aux mutations des canaux ioniques illustre leur implication simultanée dans plusieurs processus neuronaux complexes.

De nombreux médicaments régulant l’activité des canaux pour le calcium sont largement utilisés de nos jours et cette découverte pourrait mener à des avancées thérapeutiques pour ces maladies relativement orphelines.

schéma
Schéma du canal enchâssé dans la membrane plasmique

Figure : (haut) : schéma du canal enchâssé dans la membrane plasmique montrant la position de la mutation récurrente identifiée dans les familles avec ataxie. (bas): simulation des bouffées de décharge des potentiels d’action des neurones des noyaux profonds du cervelet à l’aide du modèle NEURON montrant une différence dans l’activité de décharge en présence de la mutation (rouge) comparée au canal sauvage (noir).

Sources

https://www.cell.com/ajhg/fulltext/S0002-9297(15)00371-7?_returnURL=htt…

Marie Coutelier et al., American Journal Human Genetics. 2015.

D'autres actualités qui pourraient vous intéresser

Interneurones. Crédit : UCLA Broad Stem Cell Research Center.
Cibler les interneurones inhibiteurs du striatum pour stopper les comportements compulsifs
Et si on pouvait résister aux compulsions ? Ces comportements irrationnels, que l’on observe notamment dans les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), sont très difficiles à réfréner. Pourtant, à l’Institut du Cerveau, l’équipe d’Éric Burguière ...
09.09.2024 Recherche, Science & Santé
Les nerfs moteurs présents dans la moelle épinière se projettent vers la périphérie, où ils entrent en contact avec les muscles, formant des connexions appelées jonctions neuromusculaires. Crédit : James N. Sleigh.
Maladie de Charcot : les effets inattendus des ultrasons
Depuis une quinzaine d’années, les neurochirurgiens perfectionnent une technique fascinante : ouvrir temporairement la barrière hémato-encéphalique via des ultrasons, pour faciliter l’action de molécules thérapeutiques dans le système nerveux central ...
30.08.2024 Recherche, Science & Santé
Un neurone
Syndrome de Rett : une nouvelle thérapie génique en vue
La thérapie génique pourrait constituer notre meilleure chance de traiter le syndrome de Rett, un trouble neurologique qui entraîne des déficiences intellectuelles et motrices graves. À l’Institut du Cerveau, Françoise Piguet et ses collègues ont ...
11.07.2024 Recherche, Science & Santé
Lésions d’un patient à l’inclusion dans le protocole (M0) disparues après 2 ans de traitement à la Leriglitazone (M24)
Le double effet de la leriglitazone dans l'adrénoleucodystrophie liée au chromosome X (ALD-X)
En 2023, l’équipe du Professeur Fanny Mochel (AP-HP, Sorbonne Université), chercheuse à l’Institut du Cerveau montrait que la prise quotidienne de leriglitazone permettait de réduire la progression de la myélopathie des patients atteints d ...
24.06.2024 Recherche, Science & Santé
Une tête de statue de l'île de Pâques sur laquelle sont posées des éléctrodes
Un meilleur pronostic de retour à la conscience des patients placés en réanimation
Lorsqu’un patient est admis en réanimation à cause d’un trouble de la conscience — un coma par exemple — établir son pronostic neurologique est une étape cruciale et souvent difficile. Pour réduire l’incertitude qui prélude à la décision médicale, un ...
04.06.2024 Recherche, Science & Santé
Population de bactéries commensales (en rouge) dans un intestin grêle de souris. Crédit : University of Chicago
La composition du microbiote intestinal pourrait influencer nos prises de décision
La façon dont nous prenons des décisions dans un contexte social peut être expliquée par des facteurs psychologiques, sociaux, et politiques. Et si d’autres forces étaient à l’œuvre ? Hilke Plassmann et ses collègues de l’Institut du Cerveau et de l ...
16.05.2024 Recherche, Science & Santé
Voir toutes nos actualités