Si une paralysie progressive de l’ensemble des muscles est la caractéristique principale de la maladie de Charcot, son évolution peut être très différente selon les patients.
Quels sont les symptômes, la progression, et l'espérance de vie de la maladie de Charcot ?
Les symptômes de la sclérose latérale amyotrophique (SLA) ou maladie de Charcot se caractérisent par une paralysie complète des muscles des bras, des jambes et de la gorge entrainant une incapacité à marcher, manger, parler ou même respirer qui s’installe progressivement. La sclérose latérale amyotrophique (SLA) se déclare à l’âge adulte (40-80 ans) et va évoluer, en 3 à 5 ans, vers la paralysie complète et le décès du patient généralement par paralysie des muscles de la respiration.
Selon la localisation des motoneurones touchés au début de la maladie, les symptômes initiaux de la maladie de Charcot différent :
- Dans la plupart des cas, la maladie débute par une faiblesse motrice des membres supérieurs ou inférieurs, c’est ce que l’on appelle la forme spinale de la maladie. Les membres touchés peuvent s’atrophier et devenir flasques quand c’est le motoneurone périphérique qui est le plus touché, ou au contraire devenir raides quand l’atteinte prédomine au niveau du motoneurone central. Le plus souvent, les patients présentent des crampes et des fasciculations (des petites contractions musculaires brèves et diffuses qui n’entrainent pas de mouvement articulaire). La faiblesse musculaire commence de façon localisée puis s’aggrave et diffuse progressivement à d’autres régions du corps.
- Dans environ 30% des cas, la maladie de Charcot débute par une atteinte des motoneurones du tronc cérébral (forme bulbaire) et la première manifestation est une difficulté à articuler. Le plus souvent rapidement s’associent des difficultés à déglutir sous forme de fausses routes. On retrouve également, dans cette forme de la maladie, un excès de salive dans la bouche et une hyperémotivité.
- Dans des cas plus rares (environ 10%), la maladie peut commencer par une atteinte de la musculature du tronc, en entrainant une tête dite tombante et une difficulté pour maintenir le tronc droit à la marche et/ou une atteinte de la respiration inaugurale.
- Dans la plupart des cas, la maladie qui commence dans une région du corps diffuse aux autres, de façon à ce que les patients qui présente une forme spinale, peuvent par la suite développer des symptômes bulbaires ou inversement.
- L’ensemble des patients développeront une atteinte des muscles de la respiration, responsable d’une insuffisance respiratoire lors des stades les plus avancés. C’est cette insuffisance respiratoire qui mettra en jeu le pronostic vital des patients, entrainant leur décès.
À l’Institut du Cerveau
Décrypter le rôle de l’immunité dans la maladie de Charcot
Séverine BOILLEE étudie l’influence des cellules immunitaires (ou cellules de l’inflammation) sur la dégénérescence des motoneurones et la progression de la maladie. Dans la SLA, les cellules de l’inflammation sont beaucoup plus présentes autour du motoneurone que chez les sujets non malades. Elles réagissent à la dégénérescence des motoneurones et sont impliquées dans la progression de la maladie de Charcot. Au niveau du cerveau et de la moelle épinière, les motoneurones interagissent avec les cellules microgliales alors que dans le système nerveux périphérique, ils sont en contact avec les macrophages. Ces deux types de cellules vont jouer un double rôle : positif, en envoyant des facteurs bénéfiques pour la survie des motoneurones, et négatif via des facteurs toxiques qui vont contribuer à leur destruction. Les travaux de Séverine BOILLEE et de Christian LOBSIGER visent à mieux comprendre le rôle de ces cellules dans le développement et la progression de la maladie de Charcot, afin d’identifier de nouvelles pistes thérapeutiques. L’objectif est d’analyser précisément les différents facteurs émis par ces cellules afin d’identifier ceux sur lesquels agir pour ralentir la progression de la maladie.
Des altérations cérébrales précoces chez les individus à risque de développer une SLA
Une étude promue par l’AP-HP et menée à l’Institut du Cerveau à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière par Isabelle LE BER dans l’équipe d’Alexandra DURR et de Giovanni STEVANIN et Olivier COLLIOT co-chef d’équipe avec Stanley DURRLEMAN a montré, pour la première fois, que des individus asymptomatiques risquant de développer une dégénérescence fronto-temporale (DFT) ou une Sclérose Latérale Amyotrophique (SLA), car porteurs de la mutation du gène C9ORF72, présentent des altérations cognitives, anatomiques et structurelles très précoces, avant l’âge de 40 ans. La mise en évidence de biomarqueurs à des stades très précoces est un premier pas vers le développement d’outils nécessaires à l’évaluation de nouveaux traitements. En effet, le développement de thérapeutiques à la phase précoce, idéalement avant le début des symptômes, nécessite de développer des outils qui permettent de savoir quand initier les traitements et de mesurer leur efficacité.