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Un visage en papier

La conscience

Dernière mise à jour : 17/01/2025 Temps de lecture : 1min

Complexe, évanescente et subjective, la conscience est une fonction mentale cruciale à la perception de soi et du monde qui nous entoure. Comment les neuroscientifiques la définissent-ils ? Comment émerge-t-elle du cerveau ? Quels travaux menés sur ce sujet à l’Institut du cerveau ? Éléments de réponse.

Qu'est-ce que la conscience ?
Qu'est-ce que la conscience ?

Selon le dictionnaire Larousse, la conscience correspond à la « connaissance, intuitive ou réflexive immédiate, que chacun a de son existence et de celle du monde extérieur ». Côté neuroscientifiques, il n’existe pas de consensus sur la définition de cette faculté. Cependant, la plupart s’accordent sur l’existence d’un critère expérimental essentiel, qui permet de dire si une personne est consciente ou non : la « rapportabilité subjective », à savoir la capacité à se rapporter à soi-même ses propres états mentaux et à se dire, par exemple, « j’entends cette musique » ou « je vois cette image ». Non forcément verbale, cette aptitude existe même en cas d’incapacité à parler et est donc présente également chez des bébés, les personnes avec une perte partielle ou complète du langage (aphasie), et chez d’autres espèces animales, dont notamment le chimpanzés. 

Un sujet d'étude récent pour les neurosciences
Un sujet d'étude récent pour les neurosciences

Pendant des siècles, l’étude de la conscience est restée cantonnée aux champs de la philosophie puis de la psychologie. Lesquels l’approchèrent à partir des concepts « d’âme » ou « d’esprit » et la considérèrent souvent comme une entité immatérielle, distincte du corps et donc du cerveau (doctrine du dualisme, formalisée notamment au 17e siècle par le philosophe français René Descartes). Les neuroscientifiques contemporains ont commencer à explorer ce phénomène à partir des années 1970 et une double « révolution » : le développement des sciences cognitives de la conscience (la vie mentale envisagée comme du traitement d’information), et l’invention de la neuro-imagerie cérébrale fonctionnelle (électrophysiologie EEG/MEG, IRM fonctionnelle, PET, …).

Le réseau cérébral de la conscience
Le réseau cérébral de la conscience

L’analyse du fonctionnement du cerveau de personnes saines et de patients avec des états de consciences altérés (à cause de lésions cérébrales, d'une épilepsie ou d'interventions chirurgicales), a révélé que la conscience est un phénomène complexe, qui émerge de l'interaction entre plusieurs régions cérébrales très étendues. Parmi elles : notamment les cortex frontaux à l’avant de l’encéphale, connus pour contrôler les processus cognitifs d'ordre supérieur comme la prise de décision ; les cortex pariétaux situés au niveau de la partie arrière de la voûte du crâne, et impliqués dans l’intégration des informations senrorielles, ainsi que dans la perception de l'espace et l'attention ; le thalamus central , ou encore la « formation réticulée », une structure entre le cerveau et le début de la moelle épinière, qui intervient dans la régulation de plusieurs grandes fonctions vitales (veille-sommeil, marche, tonus postural, attention…).

Comment la conscience émerge du cerveau ?
Comment la conscience émerge du cerveau ?

Selon la théorie de « l’espace de travail neuronal global » proposée à la fin des années 1990 par trois neuroscientifiques français (Stanislas Dehaene, Lionel Naccache et Jean-Pierre Changeux) et acceptée par une grande partie des experts de la conscience, les informations provenant de nos sens et traitées dans un premier temps de manière inconsciente par notre cerveau, deviennent conscientes après être entrées dans un réseau neuronal spécifique, baptisé « espace de travail neural global ». Situé à l’avant et à l’arrière du cerveau et impliquant des prolongements de neurones (ou axones) de longue portée, cet espace rend les informations sensorielles disponibles pour l’ensemble de nos capacités mentales (attention, mémoire, etc.) ; ce qui permettrait d’en avoir conscience et de les intégrer à nos plans d’action. 

Les partisans de cette théorie estiment qu’être conscient nécessite deux conditions sine qua non : non seulement un état d’éveil, lié à l’activation du cortex par la formation réticulée ; mais aussi une communication neuronale longue distance, entre l’avant et l’arrière du cerveau. Si cette conversation est altérée à cause d’une lésion cérébrale par exemple, ou si elle est excessive comme lors de certaines crises d’épilepsie, la conscience n’est plus possible. Et ce, même si la formation réticulée fonctionne. 

Une demi-douzaine d'autres théories
Une demi-douzaine d'autres théories

Outre l’hypothèse de l’espace de travail neuronal global, à ce jour il existe une demi-douzaine d’autres modèles expliquant l’émergence de la conscience. On peut notamment citer « la théorie de l'information intégrée », proposée en 2004 par le psychiatre américain Giulio Tononi. Selon celle-ci, la conscience naît à l'arrière du cerveau, où les neurones se connectent dans une structure en forme de grille. Et plus le nombre de neurones en interaction est important, plus l’organisme concerné posséderait un niveau de conscience élevé. Cette multiplicité de modèles théoriques stimule la recherche scientifique empirique et théorique. 

Les recherches sur la conscience à l'Institut du Cerveau
Les recherches sur la conscience à l'Institut du Cerveau

L’étude de la conscience est au cœur des recherches d’une équipe de l’Institut du cerveau : le groupe « PICNIC – dont l’acronyme signifie : Physiological Investigations of Clinically Normal and Impaired Cognition), qui de manière plus large, se consacre à l’étude des fonctions cognitives développées de façon exclusive ou prédominante chez l’être humain. Cette équipe explore les mécanismes cérébraux de la conscience chez des personnes saines et des patients atteints de troubles de la conscience. Cela, à l’aide de techniques comportementales et d’imagerie cérébrale multimodale de pointe, dont l’électrophysiologie (EEG à haute résolution, EEG intracérébral), l’IRM anatomique et fonctionnelle. De plus, elle tente également de développer des outils  susceptibles d’aider au diagnostic des troubles de la conscience. Notamment, elle travaille à identifier des signatures cérébrales de l’état conscient et de la prise de conscience d’une information sensorielle (ex : auditive ou visuelle). De quoi espérer en savoir plus sur cette faculté et, au final, mieux nous connaître nous-même, mais aussi mieux diagnostiquer les patients dont la conscience a été altérée. Sachant qu’à ce jour, la question du diagnostic (niveau de conscience) et surtout du pronostic (chances d’une amélioration de l’état de conscience) demeure très difficile chez certains patients.