Les Syndromes Myasthéniques Congénitaux sont des maladies rares d’origine génétique qui se caractérisent par une fatigabilité musculaire accentuée par l’effort. Des chercheurs de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (Inserm/CNRS/Sorbonne Université/AP-HP), à l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière, AP-HP, ont identifié des mutations dans le gène codant pour la protéine CHT1, dans une forme particulièrement sévère de cette maladie, les Syndromes Myasthéniques Congénitaux à épisodes apnéiques.
Les mutations du gène de CHT1 entraînent une faiblesse musculaire chez le nouveau-né avec des épisodes apnéiques, à l’origine d’une grande détresse respiratoire qui pourrait résulter d’anomalies du système nerveux périphérique mais aussi central. Cette étude publiée dans The American Journal of Human Genetics met en évidence le rôle de la protéine CHT1 dans la maladie et ouvre de nouvelles pistes pour l’amélioration de la prise en charge des patients souffrant de cette maladie rare.
Dans les syndromes myasthéniques congénitaux (SMC), le fonctionnement de la jonction neuromusculaire est perturbé. Cette zone de communication entre le nerf moteur commande le mouvement musculaire en permettant de transmettre l’influx nerveux au muscle.
L’équipe de Sophie Nicole et ses collaborateurs ont mené à l’Institut du Cerveau, au sein de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP, une étude sur des patients atteints d’une forme sévère d’hypotonie prénatale létale à la naissance et de SMC néonatal avec épisodes apnéiques d’évolution plus favorable si pris en charge médicalement. Ils ont mis en évidence plusieurs mutations récessives (les deux copies du gène doivent être mutées pour donner la maladie) du gène SLC5A7 qui code pour la protéine CHT1 ou transporteur de choline, exprimée au niveau de la jonction neuromusculaire. Les mutations de ce gène causent des altérations fonctionnelles de la jonction neuromusculaire. Les différentes mutations identifiées sont associées à un spectre de symptômes cliniques qui vont de formes très sévères létales à la naissance à des SMC avec épisodes apnéiques chez les nouveau-nés qui sont souvent diagnostiqués à tort comme souffrant d’une encéphalopathie voire d’une épilepsie mais dont le pronostic est favorable si ces épisodes sont pris en charge correctement sur le plan médical par assistance respiratoire et thérapie médicamenteuse (anticholinestérasiques).
La jonction neuromusculaire est une synapse cholinergique, c’est à dire que sa fonction repose sur l’action d’un neurotransmetteur, l’acétylcholine. L’acétylcholine libérée par le neurone est dégradée en choline qui est recapturée par cette cellule via un transporteur de choline, la protéine CHT1, pour être réutilisée et ainsi maintenir l’activité de la synapse.
La protéine CHT1 est également exprimée dans le système nerveux central où la transmission cholinergique est importante pour les fonctions respiratoires, cognitives et comportementales. Le large spectre clinique pouvant résulter des mutations observées encouragent les cliniciens à suivre les patients diagnostiqués pour détecter au plus tôt des déficits du système nerveux central. Cette étude ouvre la voie à la fois à un meilleur diagnostic de la maladie et à de nouvelles pistes thérapeutiques pour le traitement de ces formes rares de SMC.