La maladie d’Alzheimer reste un enjeu majeur de santé publique non résolu au 21ème siècle. Cette maladie, de même que d’autres maladies neurologiques, reste encore difficile à prendre en charge car difficile à diagnostiquer avant que les symptômes de déclin cognitif n’apparaissent. Cela peut être comparé à diagnostiquer un cancer une fois qu’il est métastatique, ou une insuffisance cardiaque après un infarctus.
Jusqu’à aujourd’hui il n’est pas possible de poser un diagnostic de maladie d’Alzheimer sur une simple analyse de sang. Ce type de diagnostic biologique, peu couteux et simple, est pourtant nécessaire au développement d’un traitement précoce. Des essais ont été menés pour tenter de détecter la maladie d’Alzheimer par simple prise de sang. Ces essais n’ont pas été concluants, du fait d’une trop grande variabilité individuelle. De plus, le cerveau est séparé du sang par la barrière hémato-encéphalique, qui limite le passage des protéines du cerveau vers le sang. Des petits fragments de protéines (peptides) peuvent passer la barrière hémato-encéphalique, mais sont difficiles à détecter par les méthodes actuellement disponibles. Le diagnostic de la maladie d’Alzheimer se heurte donc aujourd’hui à de grandes difficultés techniques.
Jusqu’à récemment les approches de diagnostic se sont basées sur l’identification d’un biomarqueur, souvent une protéine, associé à la maladie, et permettant le développement d’un anticorps spécifique pour quantifier ce biomarqueur. Une approche alternative consiste à utiliser des aptamères à la place des anticorps. Les aptamères sont de courts fragments d’ADN qui, eux aussi, peuvent se lier à d’autres molécules. La différence clé cependant est que les aptamères sont regroupés et qualifiés in vitro, au sein de larges groupes aléatoires de séquences d’ADN, appelés librairies d’aptamères. Les séquences d’ADN des aptamères présents dans ces librairies sont analysées avec les mêmes techniques de séquençage qui ont permis de séquencer le génome humain. Il est donc possible aujourd’hui de connaitre les séquences ADN des aptamères se liant spécifiquement aux éléments présents dans le sang des malades atteints de maladie d’Alzheimer et mesurer les différences par rapport aux personnes non atteintes de cette maladie.
La voie est donc ouverte pour une nouvelle approche permettant un diagnostic simple et précoce des atteintes neurologiques, tel que décrit dans le travail publié dans Plos One sous le titre : « Aptamers as biomarkers for neurological disorders. Proof of concept in transgenic mice » .
Cette nouvelle approche résulte de la collaboration entre NeoVentures Biotechnology Inc., compagnie canadienne leader dans le développement des aptamères et les chercheurs de l’Institut du Cerveau, le Professeur Bruno Dubois(Directeur scientifique de la Fondation pour la Recherche sur Alzheimer), le Professeur Charles Duyckaerts (chef d’équipe du laboratoire de neuropathologie Escourolle à l’hôpital de la Pitié Salpetrière et chef de l’équipe Alzheimer Prion à l’Inserm), le Professeur Harald Hampel (titulaire de l’AXA Research Fund & Sorbonne Université Chair 'Anticiper la Maladie d’Alzheimer), le Dr. Marie Claude Potier (chef de l’équipe maladie d’Alzheimer, maladies à prions de l’Institut du Cerveau) et Magali Dumont. Cette collaboration a permis la création de la société NeoNeuro, qui conduit depuis deux ans ses recherches au sein de l’Incubateur et Pépinière d’Entreprises Paris-Salpétrière, iPEPS-Institut du Cerveau.
NeoNeuro est maintenant en cours de validation sur deux cohortes de cette technique chez l’homme, celle de l’AIBL (Australie) et la cohorte française INSIGHT.