Aller au contenu principal

Soit 34,00 après déduction fiscale de 66%

Je fais un don mensuel Je fais un don IFI
Recherche, Science & Santé

Parkinson : traiter les troubles de la marche par la stimulation cérébrale profonde

Publié le : 13/06/2015 Temps de lecture : 1 min
Illustration 3D des noyaux subthalamique (NST, en rose) et pédonculopontin (NPP, en violet) ©Institut du Cerveau - ICM

Les troubles de la marche, de l’équilibre et les chutes qui leurs sont associées, causés par la maladie de Parkinson, constituent un problème majeur de santé publique. 

Des chercheurs de l’Institut du Cerveau – ICM ont récemment mis en évidence que le noyau pedonculopontin, une région du tronc cérébral, est impliqué dans le contrôle de la marche chez l’Homme et que sa stimulation permettrait de réduire les troubles qui peuvent survenir.

Dans la maladie de Parkinson, les symptômes moteurs sont dus à la mort progressive des neurones d’une région profonde du cerveau utilisant la dopamine comme messager chimique. Ces symptômes disparaissent généralement grâce au traitement par la L-dopa ou, dans certains cas, à la stimulation cérébrale profonde du noyau subthalamique (NST), région impliquée dans le contrôle des mouvements.

Cependant, dans les formes avancées de la maladie, les traitements médicaux et chirurgicaux se montrent moins efficaces, et le patient se voit atteint de troubles de la marche, de « freezing* », et de chutes confinant le patient au fauteuil roulant après un certain temps d’évolution. De récentes hypothèses indiquent que ces troubles de la marche et de l’équilibre sont peut-être causés par la mort des neurones du noyau pédonculopontin (NPP), une région cérébrale impliquée dans le contrôle de la marche et de l’équilibre.

Afin de préciser les rôles respectifs du NST et du NPP dans les troubles moteurs, les chercheurs de l’Institut du Cerveau – ICM ont utilisé une approche expérimentale multidisciplinaire comportant une étude électrophysiologique pendant la procédure neurochirurgicale.

Quatorze patients atteints de la maladie de Parkinson ont été entraînés à réaliser une tâche consistant à s’imaginer marcher le long d’un couloir. Ces patients, divisés en deux groupes, ont ensuite été opérés avec mise en place d’électrodes de stimulation profonde au sein du NST ou du NPP selon qu’il existait ou non des troubles de la marche résistants.

Les résultats obtenus confirment le rôle prépondérant du NPP dans le contrôle de la marche, même si, dans des conditions normales, les deux noyaux interagissent vraisemblablement pour adapter le mouvement à l’environnement.

Dans une seconde étude, l’équipe clinique neurologique et neurochirurgicale de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière a suivi six patients opérés avec électrodes de stimulation cérébrale profonde au sein du NPP. L’étude, réalisée en double-aveugle, montre une diminution du « freezing » et des chutes pour trois d’entre eux et une amélioration de leur contrôle postural. Ces patients décrivent également une amélioration de leur qualité de vie. Ce résultat encourageant doit toutefois être nuancé compte tenu des risques liés à la technique mis en évidence dans cet essai.

Cette étude confirme que la stimulation cérébrale profonde du NPP pourrait améliorer les troubles de la marche et de l’équilibre chez certains patients atteints de la maladie de Parkinson. Cependant, cette intervention est risquée et ne peut pas être effectuée chez toutes les personnes. Ces résultats préliminaires renforcent la connaissance de cette région du tronc cérébral humain et ouvrent la voie au développement de nouveaux traitements pour ce problème important de santé publique.

* Immobilité soudaine et brève habituellement accompagnée d’un piétinement sur place, les pieds restant collés au sol

Sources

1. The integrative role of the pedunculopontine nucleus in human gait. Lau B, Welter ML, Belaid H, Fernandez Vidal S, Bardinet E, Grabli D, Karachi C.

2. PPNa-DBS for gait and balance disorders in Parkinson’s disease: a double-blind, randomised study. Welter ML, Demain A, Ewenczyk C, Czernecki V, Lau B, El Helou A, Belaid H, Yelnik J, François C, Bardinet E, Karachi C, Grabli D.

D'autres actualités qui pourraient vous intéresser

Monocyte – un globule blanc qui se différencie en macrophage. Crédit : Université d’Edinbourg.
Découverte d’une anomalie liée aux macrophages dans la sclérose en plaques
Certains patients atteints de sclérose en plaques possèdent la capacité de régénérer partiellement la myéline, la gaine qui entourent les fibres nerveuses et qui est endommagée au cours de la maladie. En étudiant comment les cellules immunitaires...
08.11.2024 Recherche, Science & Santé
Interneurones. Crédit : UCLA Broad Stem Cell Research Center.
Cibler les interneurones inhibiteurs du striatum pour stopper les comportements compulsifs
Et si on pouvait résister aux compulsions ? Ces comportements irrationnels, que l’on observe notamment dans les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), sont très difficiles à réfréner. Pourtant, à l’Institut du Cerveau, l’équipe d’Éric Burguière...
09.09.2024 Recherche, Science & Santé
Les nerfs moteurs présents dans la moelle épinière se projettent vers la périphérie, où ils entrent en contact avec les muscles, formant des connexions appelées jonctions neuromusculaires. Crédit : James N. Sleigh.
Maladie de Charcot : les effets inattendus des ultrasons
Depuis une quinzaine d’années, les neurochirurgiens perfectionnent une technique fascinante : ouvrir temporairement la barrière hémato-encéphalique via des ultrasons, pour faciliter l’action de molécules thérapeutiques dans le système nerveux central...
30.08.2024 Recherche, Science & Santé
Un neurone
Syndrome de Rett : une nouvelle thérapie génique en vue
La thérapie génique pourrait constituer notre meilleure chance de traiter le syndrome de Rett, un trouble neurologique qui entraîne des déficiences intellectuelles et motrices graves. À l’Institut du Cerveau, Françoise Piguet et ses collègues ont...
11.07.2024 Recherche, Science & Santé
Lésions d’un patient à l’inclusion dans le protocole (M0) disparues après 2 ans de traitement à la Leriglitazone (M24)
Le double effet de la leriglitazone dans l'adrénoleucodystrophie liée au chromosome X (ALD-X)
En 2023, l’équipe du Professeur Fanny Mochel (AP-HP, Sorbonne Université), chercheuse à l’Institut du Cerveau montrait que la prise quotidienne de leriglitazone permettait de réduire la progression de la myélopathie des patients atteints d...
24.06.2024 Recherche, Science & Santé
Une tête de statue de l'île de Pâques sur laquelle sont posées des éléctrodes
Un meilleur pronostic de retour à la conscience des patients placés en réanimation
Lorsqu’un patient est admis en réanimation à cause d’un trouble de la conscience — un coma par exemple — établir son pronostic neurologique est une étape cruciale et souvent difficile. Pour réduire l’incertitude qui prélude à la décision médicale, un...
04.06.2024 Recherche, Science & Santé
Voir toutes nos actualités