Un article publié dans le prestigieux journal Brain par une équipe de l’Institut du Cerveau fait le lien entre les troubles du sommeil paradoxal et la maladie de Parkinson. Ces travaux ouvrent les possibilités de diagnostiquer de façon précoce le développement de la maladie de Parkinson.
La maladie de Parkinson, maladie neurologique dégénérative progressive, touche 150 000 personnes en France. Elle se caractérise par la mort d’une population de neurones qui produisent de la dopamine, un neurotransmetteur, messager chimique transmettant l’information entre les neurones. La diminution de la concentration de dopamine est à l’origine de la maladie. En effet, les symptômes moteurs apparaissent quand environ 60-80% de ces neurones sont détruits.
Ces dernières années, les chercheurs se sont penchés sur les symptômes non dopaminergiques et plus particulièrement sur les troubles du comportement lors du sommeil paradoxal qui touchent 30 à 60% des patients. Le sommeil paradoxal est traditionnellement caractérisé par des rêves et est associé à une forte activité neuronale, des mouvements oculaires et une diminution du tonus musculaire. Certains malades Parkinsonniens présentent des troubles du comportement lors du sommeil paradoxal avec une reprise du tonus musculaire pouvant conduire à des violences nocturnes. Les troubles du sommeil paradoxal peuvent survenir chez tous les sujets ne présentant pas de maladie neurologique, cependant ces personnes ont un risque accru de développer la maladie de Parkinson ou une démence. Daniel GarcÍa-Lorenzo dans l’équipe de Marie Vidailhet et Stéphane Lehéricy à l’Institut du Cerveau vient de mettre en évidence l’implication d’une partie du cerveau appelée le complexe coeruleus/subcoeruleus dans le blocage du tonus musculaire pendant le sommeil paradoxal.
L’équipe de recherche a étudié l’intégrité de ce complexe chez des patients atteints de la maladie de Parkinson grâce à des techniques d’imagerie. Ils ont ainsi montré que les patients atteints de Parkinsonisme présentait une diminution de l’activité neuronale du complexe associée à des troubles du comportement lors du sommeil paradoxal. Les données d’imagerie associées à une étude clinique précise ainsi que des enregistrements nocturnes pourraient être considérées comme un marqueur précoce non dopaminergique de la pathologie capable de prédire l’occurrence de la maladie de Parkinson chez les patients souffrant de troubles du sommeil paradoxal.
Les chercheurs poursuivent cette étude pour approfondir l’évolution de cette structure au cours de l’évolution de la maladie. Les patients vont revenir à l’Institut du Cerveau
pour une deuxième IRM afin d’étudier l’évolution du complexe coeruleus/subcoeruleus.
Sources
Garcia-Lorenzo D, Longo-Dos Santos C, Ewenczyk C, Leu-Semenescu S, Gallea C, Quattrocchi G, Lobo PP, Poupon C, Benali H, Arnulf I, et al.: The coeruleus/subcoeruleus complex in rapid eye movement sleep behaviour disorders in Parkinson’s disease. Brain 2013, 136:2120-2129.