Les personnes atteintes du syndrome des mouvements en miroir ont perdu la capacité de réaliser un mouvement différent des deux mains. Grâce au soutien de la fondation Desmarest, les équipes de l’Inserm, de l’IBPS et de l’Institut du Cerveau viennent d’identifier que des mutations dans le gène de la nétrine-1 sont responsables de ce syndrome. Élucider les mécanismes en cause permet d’ouvrir de nouvelles perspectives pour soigner cette maladie rare.
Le système moteur se constitue chez l’homme selon une organisation croisée, le cerveau gauche commande la motricité du côté droit et réciproquement. Cette organisation croisée ainsi qu’une bonne communication entre les deux côtés du cerveau pendant le mouvement sont nécessaires pour que les mouvements des mains soient dissociés et coordonnés. Lors du développement du système nerveux, les axones des neurones traversent la ligne médiane pour connecter le cerveau gauche au côté droit et réciproquement. Une protéine, la nétrine, joue un rôle clef dans ce guidage axonal et permet notamment le croisement des axones.
En étudiant trois familles touchées par le syndrome des mouvements en miroir, Emmanuel Flamand-Roze et ses collaborateurs viennent de montrer que des mutations dans le gène de la nétrine-1 entraîne cette maladie génétique rare. Dans cette maladie, les personnes atteintes ne peuvent pas dissocier les mouvements effectués par leurs deux mains : lorsqu’une main effectue un mouvement, l’autre main est « obligée » de le reproduire contre la volonté du sujet. Dans cette maladie, il est donc rigoureusement impossible de jouer du piano par exemple.
Les mutations identifiées entrainent une perte de fonction de la nétrine-1 et son absence de diffusion à l’extérieur des cellules. Etant donnés les nombreux rôles de cette protéine dans l’oganisme, l’absence d’autres symptômes est très surprenante (problèmes d’audition ou de vision, symptômes moteurs, maladies cardiovasculaires ou inflammatoires, cancers).
Grâce à une approche multimodale, les chercheurs ont montré que le câblage du cerveau se fait de façon anormale, et qu’une partie des axones moteurs n’effectuent pas le croisement de la ligne médiane. Ces résultats suggèrent que la guidance axonale est la fonction la plus touchée par l’altération de la nétrine 1, alors que les autres fonctions semblent maintenues ou compensées. Les chercheurs étudient désormais en détail les mécanismes via lesquels des mutations de la nétrine entraînent son absence au niveau extra-cellulaire et sa perte de fonction. La nétrine-1 est une cible thérapeutique potentielle pour des maladies inflammatoires et le cancer. L’identification des mécanismes pourraient ainsi ouvrir de nouvelles voies thérapeutiques..