Après une lésion de la myéline, la gaine isolante et protectrice entourant les neurones, dans le cas de maladies démyélinisantes comme la sclérose en plaques ou de traumatismes de la moelle épinière, les cellules de Schwann, qui produisent la myéline dans le système nerveux périphérique, participent à la réparation des lésions du système nerveux central. Une étude conduite par Beatriz Garcia-Diaz et Anne Baron Van Evercooren (DRE INSERM) à l’Institut du Cerveau – ICM vient de mettre en évidence le mécanisme permettant la migration des cellules de Schwann dans la moelle épinière. Les résultats sont publiés dans la revue Acta Neuropathologica.
La myéline, la gaine isolante qui entoure les prolongements de nos neurones, est indispensable à la bonne conduction de l’influx nerveux et au bon fonctionnement des neurones. Lorsque celle-ci est endommagée, dans le cas de maladies démyélinisantes comme la sclérose en plaques ou de traumatismes de la moelle épinière, les informations nerveuses ne sont plus transmises correctement et les neurones ne sont plus protégés. La myéline est produite par deux types de cellules, les oligodendrocytes dans le système nerveux central et les cellules de Schwann dans le système nerveux périphérique.
Après une lésion de la myéline du système nerveux central, les cellules de Schwann peuvent intervenir dans la réparation de ces lésions. Les traumatismes spinaux, en particulier, sollicitent beaucoup l’intervention de ces cellules. En revanche, comment ces cellules migrent au sein du système nerveux central pour rejoindre les lésions démyélinisées était inconnu. L’observation de ce phénomène a montré que les cellules de Schwann qui migraient ne se retrouvaient pas au niveau de la myéline mais toujours proches des vaisseaux sanguins de la moelle épinière.
Pour en comprendre les mécanismes, un groupe de chercheurs, Beatriz Garcia-Diaz et Anne Baron Van Evercooren (DRE INSERM) à l’Institut du Cerveau – ICM, s’est intéressé aux interactions moléculaires des cellules de Schwann avec la myéline et les vaisseaux sanguins du système nerveux central. L’équipe avait déjà mis en évidence la présence d’une protéine de la myéline, MAG, inhibant partiellement la migration et l’adhésion des cellules de Schwann à la myéline. Ils se sont donc penchés sur d’autres candidats qui pourraient également participer à cette inhibition, comme les Ephrin, des molécules déjà connues pour leur effet répulsif sur la croissance des axones.
Elles montrent que les cellules de Schwann expriment spécifiquement des récepteurs aux Ephrin, notamment l’EphrinB3 composant de la myéline, et que cette dernière inhibe la migration et l’adhésion/l’étalement de ces cellules à la myéline du système nerveux central. Celles-ci sont donc repoussées de la myéline par l’interaction avec l’EphrinB3 ce qui favorise leur interaction avec la matrice extracellulaire des vaisseaux sanguins. Ainsi, le système vasculaire de la moelle épinière sert de trame à la migration des cellules de Schwann. Celles-ci exclues de la myéline, naviguent dans un espace proche des vaisseaux sanguins et suivent ce chemin le long des vaisseaux jusqu’à atteindre la lésion de démyélinisation, où elles se détachent pour rejoindre les axones à réparer.
Ce travail a permis aux chercheurs d’identifier comment les cellules de Schwann parvenaient à atteindre la lésion démyélinisée. Cette découverte ouvre de nouvelles pistes de recherche pour comprendre l’étape suivante, le mécanisme qui attire ces cellules vers la lésion afin de reconstruire le processus complet par lequel ces cellules du système nerveux périphérique interviennent dans la réparation après une lésion de la myéline.
Sources
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31011859/
Garcia-Diaz B, Bachelin C, Coulpier F, Gerschenfeld G, Deboux C, Zujovic V, Charnay P, Topilko P, Evercooren AB. Acta Neuropathol. 2019 Apr 22.