Aller au contenu principal

Soit 34,00 après déduction fiscale de 66%

Je fais un don mensuel Je fais un don IFI
Recherche, Science & Santé

Cerveau, lecture et écriture

Publié le : 13/11/2014 Temps de lecture : 1 min
cerveau

Quels que soient l’alphabet et la culture dans lesquels nous sommes élevés, c’est toujours la même petite région du cortex visuel de l’hémisphère gauche qui nous permet d’identifier les lettres que nous voyons. Pourquoi donc, dans les vastes régions du cortex visuel qui nous servent à reconnaître les choses qui nous entourent, est-ce cette zone précise qui se spécialise dans la lecture, alors que ses proches voisines se spécialisent dans la reconnaissance des visages ou des lieux ? Pour répondre à cette question, des chercheurs de l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (Pr Laurent COHEN, PICNIC LAB) ont utilisé l’imagerie par résonance magnétique « de diffusion » – qui permet de suivre les fibres de substance blanche qui font communiquer entre elles les différentes régions du cerveau. Ils ont ainsi montré que la région de reconnaissance des lettres a des liens privilégiés avec les régions qui assurent la compréhension et la production de la parole, alors que la région de reconnaissance des visages est plus connectée à des systèmes impliqués dans les émotions et les relations sociales. L’anatomie des voies de communications cérébrales est donc décisive dans la façon dont une invention culturelle comme l’écriture trouve sa place dans notre cerveau.

A la naissance, rien ne distingue le cerveau d’un bébé contemporain et d’un bébé né il y a dix mille ans, bien avant l’invention de l’écriture. Notre cerveau n’est donc pas spécialement prédisposé à la lecture. Or, lorsqu’un enfant d’aujourd’hui apprend à lire, il le fait exactement grâce aux mêmes régions cérébrales, quels que soient la langue, l’alphabet, la culture dans lesquels il est élevé. En particulier, c’est toujours la même petite région du cortex visuel de l’hémisphère gauche qui apprend à reconnaître les lettres que nous voyons. Pourquoi donc, dans les vastes régions du cortex visuel qui nous servent à reconnaître les choses qui nous entourent, est-ce cette zone précise qui se spécialise dans la lecture, alors que ses proches voisines se spécialisent dans la reconnaissance des visages ou des lieux ?

 

Les chercheurs du PICNIC Lab à l’Institut du Cerveau – ICM ont montré dans un article qui vient d’être publié (Bouhali et al., Journal of Neuroscience) que c’est parce que cette zone possède des connexions particulièrement importantes avec les régions du langage, celles qui permettent, une fois reconnues les lettres d’un mot, de comprendre et de prononcer ce mot.

 

Pour cela, ils ont utilisé l’imagerie par résonance magnétique (IRM) de diffusion – qui permet de voir les fibres de substance blanche qui font communiquer les différentes parties du cerveau. Chez 75 sujets, ils ont pris comme points de départ d’une part la région de reconnaissance des lettres, et d’autre part la région toute contiguë de reconnaissance des visages. À partir de ces régions, ils ont suivi les faisceaux de substance blanche pour identifier les territoires corticaux qui leurs sont connectés. La comparaison des territoires connectés aux deux régions de départ a montré que la région de reconnaissance des lettres a plus de liens avec les régions du langage, alors que la région de reconnaissance des visages est plus connectée à des systèmes impliqués dans les émotions et les relations sociales.

 

L’anatomie des voies de communications cérébrales est donc décisive pour la détermination des fonctions cérébrales, et notamment pour la façon dont une invention culturelle comme l’écriture trouve sa place dans notre cerveau.

 

schéma

 

La région assurant la reconnaissance visuelle des lettres (au centre en vert) est fortement connectée aux régions de la compréhension et de la production de la parole (à gauche), alors que la région de reconnaissance des visages (au centre en rouge) est plus connectée à des systèmes impliqués dans les émotions et les relations sociales (à droite) © Florence Bouhali, Laurent Cohen – Institut du Cerveau – ICM

Sources

https://www.jneurosci.org/content/34/46/15402.abstract

Imagerie cérébrale Cohen Naccache Bartolomeo
Equipe
PICNIC : neuropsychologie et neuroimagerie fonctionnelle

La conscience, l’attention, la perception visuelle, le langage sont des fonctions cognitives complexes qui mettent en jeu différentes aires cérébrales et différents réseaux neuronaux.

En savoir plus

D'autres actualités qui pourraient vous intéresser

Monocyte – un globule blanc qui se différencie en macrophage. Crédit : Université d’Edinbourg.
Découverte d’une anomalie liée aux macrophages dans la sclérose en plaques
Certains patients atteints de sclérose en plaques possèdent la capacité de régénérer partiellement la myéline, la gaine qui entourent les fibres nerveuses et qui est endommagée au cours de la maladie. En étudiant comment les cellules immunitaires...
08.11.2024 Recherche, Science & Santé
Interneurones. Crédit : UCLA Broad Stem Cell Research Center.
Cibler les interneurones inhibiteurs du striatum pour stopper les comportements compulsifs
Et si on pouvait résister aux compulsions ? Ces comportements irrationnels, que l’on observe notamment dans les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), sont très difficiles à réfréner. Pourtant, à l’Institut du Cerveau, l’équipe d’Éric Burguière...
09.09.2024 Recherche, Science & Santé
Les nerfs moteurs présents dans la moelle épinière se projettent vers la périphérie, où ils entrent en contact avec les muscles, formant des connexions appelées jonctions neuromusculaires. Crédit : James N. Sleigh.
Maladie de Charcot : les effets inattendus des ultrasons
Depuis une quinzaine d’années, les neurochirurgiens perfectionnent une technique fascinante : ouvrir temporairement la barrière hémato-encéphalique via des ultrasons, pour faciliter l’action de molécules thérapeutiques dans le système nerveux central...
30.08.2024 Recherche, Science & Santé
Un neurone
Syndrome de Rett : une nouvelle thérapie génique en vue
La thérapie génique pourrait constituer notre meilleure chance de traiter le syndrome de Rett, un trouble neurologique qui entraîne des déficiences intellectuelles et motrices graves. À l’Institut du Cerveau, Françoise Piguet et ses collègues ont...
11.07.2024 Recherche, Science & Santé
Lésions d’un patient à l’inclusion dans le protocole (M0) disparues après 2 ans de traitement à la Leriglitazone (M24)
Le double effet de la leriglitazone dans l'adrénoleucodystrophie liée au chromosome X (ALD-X)
En 2023, l’équipe du Professeur Fanny Mochel (AP-HP, Sorbonne Université), chercheuse à l’Institut du Cerveau montrait que la prise quotidienne de leriglitazone permettait de réduire la progression de la myélopathie des patients atteints d...
24.06.2024 Recherche, Science & Santé
Une tête de statue de l'île de Pâques sur laquelle sont posées des éléctrodes
Un meilleur pronostic de retour à la conscience des patients placés en réanimation
Lorsqu’un patient est admis en réanimation à cause d’un trouble de la conscience — un coma par exemple — établir son pronostic neurologique est une étape cruciale et souvent difficile. Pour réduire l’incertitude qui prélude à la décision médicale, un...
04.06.2024 Recherche, Science & Santé
Voir toutes nos actualités