Les dégénérescences fronto-temporales se manifestent essentiellement par des troubles du comportement et du langage, concomitants ou successifs. L’évolution vers une perte du langage et de l’autonomie est plus ou moins rapide.
Les symptômes de la démence fronto temporale (DFT)
L’évolution de la maladie est progressive. Les symptômes de la DLFT sont très variables d’un patient à l’autre, dans leurs manifestations comme dans leur ordre d’apparition et leur évolution. La DLFT est d’abord suspectée grâce au témoignage des proches qui rapportent des modifications du comportement d’un parent, un changement de sa personnalité ou des difficultés de langage. On distingue plusieurs formes de la maladie débutant par des troubles du comportement (covariant comportemental de DLFT) ou du langage (aphasie progressives)
Dans les premières phases de la DFT comportementale, les troubles du comportement sont discrets et peuvent évoquer une dépression ou une autre maladie cognitive (maladie d’Alzheimer par exemple). Les premiers troubles sont souvent une apathie, une perte de motivation, une indifférence émotionnelle, une perte d’intérêt pour les autres ou une perte de motivation.
D’autres symptômes peuvent être présent au début de la maladie ou au cours de son évolution. Des troubles du comportement comme une désinhibition verbale ou comportementale, et une incapacité à respecter des codes sociaux (réflexions inappropriées, non-respect des règles sociales dans l’espace public par exemple). Les patients peuvent présenter des gestes répétitifs, avoir des idées fixes, ou développer des comportements compulsifs. Un manque de patience (impulsivité) et une irritabilité excessive sont parfois observés.
Des modifications du comportement alimentaire comme une gloutonnerie, une boulimie, une précipitation sur la nourriture sont également fréquentes.
Les aphasies progressives sont caractérisées par des es troubles du langage sous deux formes (aphasie progressive non-fluente et démence sémantique) L’aphasie est une perte du langage se manifestant par des difficultés à trouver les mots, à construire une phrase correctement ou des difficultés de compréhension qui évolue vers une perte totale du langage et une incapacité totale à communiquer.
Comme dans la forme comportementale de la maladie, des troubles cognitifs sont associés au début ou au cours de la progression des troubles du langage comme des difficultés exécutives
Des examens complémentaires permettent de confirmer le diagnostic de DLFT. Les tests neuropsychologiques, permettent d’évaluer les fonctions cognitives en particulier les capacités de raisonnement, de jugement, d’attention ou encore la mémoire des patients. Ils peuvent être complétés d’une évaluation du langage (bilan orthophonique). Des examens d’imagerie cérébrale, tels que l’IRM ou le TEP mettent en évidence une atrophie des régions frontales et temporales. Des examens biologiques, une ponction lombaire ou un électroencéphalogramme permettent d’exclure d’autres pathologies aux symptômes similaires.
Pour les formes familiales, 30% des cas environ, une consultation et une analyse génétique peuvent être proposées pour identifier la mutation à l’origine de la maladie.
À l’Institut du Cerveau
L’un des objectifs importants des recherches menées à l’Institut du Cerveau et à l’IM2A est d’améliorer le diagnostic des patients pour détecter la maladie plus précocement et limiter l’errance diagnostique. Les DFT peuvent en effet être confondu avec plusieurs maladies selon leur stade, comme des troubles de l’humeur (dépression, troubles bipolaires) ou des troubles anxieux (troubles obsessionnels compulsifs), ou encore avec la maladie d’Alzheimer.
Isabelle Le Ber et Paola Caroppo, en collaboration avec les équipes de neuroimagerie et le Centre d’Investigation clinique à l’Institut du Cerveau, ont identifié grâce à des techniques de pointe d’imagerie cérébrale, une région très limitée du cerveau, impliquée dans la compréhension du langage, dans la capacité à interagir avec autrui et à reconnaître les émotions faciales (altérées chez les patients atteints de DFT), qui pourrait être le siège des premières lésions cérébrales dans une forme génétique de DFT. Cette découverte majeure a permis de localiser le siège des mécanismes biologiques, en particulier la mort neuronale avant même l’apparition des symptômes cliniques.
Les patients atteints de démences fronto-temporales (DFT) sont incapables de classer les objets par catégories. En étudiant des patients présentant des lésions du cortex frontal, les chercheurs de l’équipe « FRONTLAB: Fonctions et dysfonctions de systèmes frontaux » dirigée par le Dr Richard Lévy ont mis en évidence que la catégorisation au sein du cerveau met en jeu différentes fonctions, d’une part la capacité à réunir des informations et d’autre part, la capacité à l’abstraction. Ces deux mécanismes dépendent de régions spécifiques au sein des lobes frontaux. Cette étude ouvre la voie à l’utilisation de tests de formation de concept comme outil diagnostique pour les DFT.
Une étude de Marc Teichmann et Carole Azuar de l’équipe du Pr Richard LEVY, à l’Institut du Cerveau et à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière-APHP met en évidence une atteinte particulièrement marqué des émotions morales, comme l’admiration, la honte ou la pitié, chez les patients atteints de dégénérescences fronto-temporales. Les résultats ouvrent la voie à un diagnostic précoce, sensible et spécifique des patients atteints de DFT.
Fiche mise à jour avec la collaboration d'Isabelle Le Ber, neurologue, chercheuse dans l'équipe Frontlab à l'Institut du Cerveau et coordinatrice du centre de référence démences rares et précoces.