Aller au contenu principal

Soit 34,00 après déduction fiscale de 66%

Je fais un don mensuel Je fais un don IFI
Recherche, Science & Santé

Syndrome de Rett : une nouvelle thérapie génique en vue

Publié le : 11/07/2024 Temps de lecture : 1 min
Un neurone
Retour à la recherche

La thérapie génique pourrait constituer notre meilleure chance de traiter le syndrome de Rett, un trouble neurologique qui entraîne des déficiences intellectuelles et motrices graves. À l’Institut du Cerveau, Françoise Piguet et ses collègues ont exploité la piste du métabolisme du cholestérol cérébral, qui est perturbé chez les jeunes malades. En corrigeant cette voie grâce à l’injection d’un gène-médicament, les chercheurs montrent, chez la souris, que les symptômes de la maladie peuvent être considérablement réduits. Leurs résultats sont publiés dans le revue Pharmaceutics

Le syndrome de Rett est une maladie grave qui apparaît dans la petite enfance et touche exclusivement les filles — à une fréquence d’une naissance sur 10 000 environ. Dans sa forme typique, la maladie est causée par la mutation d’un gène qui influence la production de MePC2 — une protéine très abondante dans le système nerveux central et qui possède un rôle important dans le développement et la maturation du cerveau.

Le syndrome se manifeste sous la forme d’une régression brutale des capacités intellectuelles et motrices de l’enfant, après 6 à 16 mois de développement apparemment normal du langage, de la coordination, de la marche et des interactions sociales. Cette interruption des apprentissages s’accompagne aussi de troubles respiratoires et cardiovasculaires : un polyhandicap s’installe en quelques mois.

Aujourd’hui, une prise en charge médicale adéquate permet heureusement aux malades de vivre plusieurs dizaines d’années avec la maladie, qui est très hétérogène : la sévérité des symptômes dépend de la proportion des cellules qui expriment la protéine MePC2 mutée.

Le métabolisme du cholestérol, une nouvelle cible thérapeutique

De nouveaux traitements — comme la trofinétide, réservée aux adultes et aux enfants de plus de deux ans — ont émergé récemment. Mais aucun n’est capable de soigner toutes les formes de la maladie et de stopper son évolution chez les jeunes patients qui montrent encore peu de symptômes.

Une nouvelle piste de recherche se dessine toutefois : il semble que les niveaux insuffisants de MePC2 observés dans le syndrome de Rett perturbent fortement le métabolisme du cholestérol cérébral. Or, le cholestérol constitue un élément de base des membranes cellulaires ; il contribue au développement cérébral, à la bonne communication entre les neurones, et intervient dans des fonctions essentielles comme l’apprentissage et la mémoire.

Des déséquilibres du cholestérol cérébral sont observés dans plusieurs pathologies neurologiques, comme la maladie de Huntington ou la maladie de Parkinson. D’où, l’idée d’explorer cette anomalie dans le syndrome de Rett, dans lequel on observe le même genre de perturbations.

Françoise Piguet Responsable de l’unité d’innovation GENOV de l’Institut du Cerveau

Le cholestérol ne peut pas traverser librement la barrière hémato-encéphalique ; contrairement aux autres organes qui utilisent le cholestérol issu de l’alimentation ou produit par le foie, le cerveau synthétise et régule le précieux lipide in situ. L’équipe de Françoise Piguet a donc choisi de moduler les niveaux de cholestérol directement dans le cerveau en ciblant CYP46A1, l’enzyme chargée de dégrader le cholestérol en un produit qui peut être éliminé du système nerveux central.

Un succès prometteur chez la souris

D’abord, les chercheurs ont conçu un gène-médicament capable d’augmenter massivement l’expression de CYP46A1 dans le cerveau, et qui peut atteindre les cellules nerveuses grâce à un virus inoffensif dit « adéno-associé » (AAV) qui lui sert de véhicule. Ils ont ensuite administré le traitement à des souris modèles du syndrome de Rett à un très jeune âge — à partir de 21 jours — c’est-à-dire avant l’apparition des premiers symptômes de la maladie.

Les résultats de l’équipe sont très encourageants : le traitement a permis d’accroître fortement l’expression de CYP46A1 dans le cerveau et la moelle épinière des souris sans perturber les autres organes. Une fois la maladie installée, les symptômes des animaux traités ont été fortement réduits par rapport aux contrôles, et l’espérance de vie des mâles a augmenté.

Enfin, les chercheurs ont observé une amélioration du cycle de synthèse et de dégradation du cholestérol cérébral des rongeurs, ainsi qu’une correction de l’activité des mitochondries — des structures essentielles au bon fonctionnement cellulaire.

« Ces données indiquent que la régulation du cholestérol cérébral via thérapie génique est une option prometteuse pour réduire les symptômes des patients, se réjouit Françoise Piguet. Ici, le traitement a été parfaitement toléré par les animaux. Nous continuerons donc d’évaluer son efficacité et son innocuité, en vue d’organiser des essais cliniques chez l’humain. Le grand défi sera de comprendre à quel moment exact de la maturation cérébrale ce nouvel outil thérapeutique doit être utilisé. Ceci, afin d’obtenir les meilleurs effets ! »

 

Financement

Cette étude a été financée par la Fondation Lejeune, le programme « Investissements d’avenir », et NeurATRIS, structure de coordination de la recherche translationnelle en neurosciences

Sources

Audouard, E. et al. Modulation of brain cholesterol metabolism through CYP46A1 overexpression for Rett syndrome. Pharmaceutics, Juin 2024. DOI : doi.org/10.3390/pharmaceutics16060756.

D'autres actualités qui pourraient vous intéresser

La qualité des mitochondries durant le neurodéveloppement est cruciale pour la santé cérébrale
La qualité des mitochondries durant le neurodéveloppement est cruciale pour la santé cérébrale
Les anomalies à l’origine des maladies neurodégénératives pourraient surgir au cours du développement, c’est-à-dire des décennies avant l’apparition des premiers symptômes… Cette hypothèse gagne du terrain grâce à une nouvelle étude publiée dans...
18.10.2025 Recherche, Science & Santé
lauréat de la 3ème édition de l’appel à projets NeurAL
Brahim Nait Oumesmar, lauréat de la 3ème édition de l’appel à projets NeurAL
NeurAL, le startup studio de l’Institut du Cerveau, distingue cette année le projet du chercheur Brahim Nait Oumesmar, qui porte sur le développement d’un traitement remyélinisant dans la sclérose en plaques. Le lauréat bénéficiera d’un...
15.10.2025 Applications de la recherche
Serge Weinberg © Simon Cassanas
Serge Weinberg élu Président du Conseil d’administration de l’Institut du Cerveau
L’Institut du Cerveau annonce l’élection de Serge Weinberg à la présidence de son Conseil d’administration. Il succède à Gérard Saillant, Président fondateur, qui devient Président d’honneur après quinze années d’un engagement décisif au service de l...
01.10.2025 Institutionnel
La bibliothèque de Babel
Voyager dans le temps par la pensée : un nouveau cas d’hypermnésie autobiographique
Se souvenir des événements passés dans leurs moindres détails, les revisiter de manière méthodique et revivre des émotions passées : voilà la particularité des personnes qui présentent une mémoire exceptionnelle de leur propre vie – l’hypermnésie...
28.08.2025 Recherche, Science & Santé
Crédit : Ana Yael.
Une base de données internationale pour mieux comprendre les rêves
Dans un article publié dans Nature Communications, des chercheurs de 37 institutions scientifiques, dont l’Institut du Cerveau, dévoilent la base de données DREAM – un projet ambitieux visant à centraliser, partager et homogénéiser les données issues...
14.08.2025 Recherche, Science & Santé
Organoïde de cerveau. Crédit : Wellcome Images.
Lancement du Brain Fund II, fonds de private equity au profit de l’Institut du Cerveau, avec un objectif de 30 M€
The Brain Fund II, fonds de private equity de partage géré par la société Impact Partners, a pour ambition de doter l’Institut du Cerveau de ressources financières pérennes pour soutenir les projets des équipes de recherche.
11.07.2025 Soutien
Voir toutes nos actualités