Aller au contenu principal

Soit 34,00 après déduction fiscale de 66%

Je fais un don mensuel Je fais un don IFI
Recherche, Science & Santé

Stimulation trans-crânienne par courant continu : un bénéfice pour le traitement de l’aphasie primaire progressive

Publié le : 16/12/2016 Temps de lecture : 1 min
aphp

La stimulation trans-crânienne par courant direct serait bénéfique dans le traitement de l’aphasie primaire progressive. C’est ce que vient de montrer une étude pré-thérapeutique menée par les équipes du Dr Marc Teichmann, praticien hospitalier au sein du département de neurologie de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP, et d’Antoni Valero-Cabré, directeur de recherche au CNRS, tous deux rattachés à l’Institut du Cerveau – ICM.

L’aphasie primaire progressive (APP) est une maladie dégénérative qui se caractérise par une perte progressive du langage. La forme la plus fréquente de l’APP, dite « sémantique », est définie par une perte progressive des concepts et du sens des mots.

Indépendamment de leur origine, dégénérative ou post-AVC, il n’y a pas de traitement validé pour les aphasies. Les études réalisées jusqu’à maintenant s’appuyaient sur de trop petites cohortes (souvent moins de 6 patients) ou sur des études de cas individuels, rendant difficile l’interprétation des résultats.

Le Dr Marc Teichmann, praticien hospitalier au sein du département de neurologie de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière de l’AP-HP et le Dr Antoni Valero-Cabré, directeur de recherche au CNRS, tous deux rattachés à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière, ont coordonné une étude sur douze patients atteints d’APP sémantique. Une méthodologie rigoureuse en double aveugle contre placebo a permis d’évaluer l’effet de la stimulation trans-crânienne par courant direct (tDCS) sur les capacités linguistiques/sémantiques.

La tDCS est une stimulation non-invasive consistant à faire passer un courant continu de faible intensité au moyen de deux électrodes placées sur la peau du crâne. Comme elle ne génère pas de sensations particulières sur la région stimulée, ni les patients ni les médecins ne peuvent différencier la stimulation active du placebo.

Les effets cliniques à court terme de trois types de stimulation (anodal-excitatrice du cortex temporal antérieur gauche ; cathodal-inhibitrice du cortex temporal antérieur droit ; stimulation placebo) ont été évalués lors de trois séances espacées d’une semaine. Les effets des trois types de stimulation ont ainsi pu être comparés.

L’effet des stimulations a été évalué par un test sémantique multi-dimensions. L’analyse du contraste avant/après stimulation, en comparant la tDCS gauche et droite à la stimulation placebo a montré plusieurs effets significatifs : un gain de fonction pour les performances en sémantique verbale et un gain de fonction plus spécifiquement pour les catégories « vivants ». Un modèle computationnel qui tenait compte de la localisation des électrodes et de la conductivité des différentes couches de tissus (de la peau du scalp jusqu’au cortex cérébral) a montré la bonne focalité de l’intervention sur la région antérieure du lobe temporal et l’efficacité du courant électrique délivré depuis le scalp sur le cortex cible.

Il faut noter que la tDCS est moins coûteuse et plus facile d’utilisation que d’autres méthodes de modulation cérébrale non-invasive comme la stimulation magnétique transcrânienne (TMS).

Cette étude pré-thérapeutique suscite maintenant l’espoir de développer des applications cliniques avec des effets plus durables pour les patients atteints d’aphasies d’origine dégénérative. Un protocole à ambition thérapeutique, utilisant des stimulations répétées pendant 10 jours pour induire un effet de plusieurs mois, promu par des mécanismes de neuroplasticité, a été élaboré et a obtenu récemment une promotion de l’AP-HP. En cas d’efficacité, le procédé de plusieurs jours consécutifs de stimulation pourra être répété dès que les effets bénéfiques s’estompent.

A terme, ces traitements par stimulation pourraient être personnalisés en fonction des paramètres crâniens, de la charge et de la distribution lésionnelles de chaque patient, afin d’optimiser la stimulation pour obtenir des effets thérapeutiques significatifs et durables chez tous les patients.

Sources

https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/ana.24766/full
Teichmann M, Lesoil C, Godard J, Vernet M, Bertrand A, Levy R, Dubois B, Lemoine L, Truong DQ, Bikson M, Kas A, Valero-Cabré A. Ann Neurol. 2016 Sep 19.

D'autres actualités qui pourraient vous intéresser

Monocyte – un globule blanc qui se différencie en macrophage. Crédit : Université d’Edinbourg.
Découverte d’une anomalie liée aux macrophages dans la sclérose en plaques
Certains patients atteints de sclérose en plaques possèdent la capacité de régénérer partiellement la myéline, la gaine qui entourent les fibres nerveuses et qui est endommagée au cours de la maladie. En étudiant comment les cellules immunitaires...
08.11.2024 Recherche, Science & Santé
Les intervenants du Petit-déjeuner Art-Science 2024
Petit-déjeuner Art-Science 2024
Avec le soutien de la foire d’art contemporain Art Basel Paris, la 13e édition du Petit-déjeuner Art-Science s’est tenue le 16 octobre 2024 au Pavillon Ledoyen.
24.10.2024 Soutien
Interneurones. Crédit : UCLA Broad Stem Cell Research Center.
Cibler les interneurones inhibiteurs du striatum pour stopper les comportements compulsifs
Et si on pouvait résister aux compulsions ? Ces comportements irrationnels, que l’on observe notamment dans les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), sont très difficiles à réfréner. Pourtant, à l’Institut du Cerveau, l’équipe d’Éric Burguière...
09.09.2024 Recherche, Science & Santé
Les nerfs moteurs présents dans la moelle épinière se projettent vers la périphérie, où ils entrent en contact avec les muscles, formant des connexions appelées jonctions neuromusculaires. Crédit : James N. Sleigh.
Maladie de Charcot : les effets inattendus des ultrasons
Depuis une quinzaine d’années, les neurochirurgiens perfectionnent une technique fascinante : ouvrir temporairement la barrière hémato-encéphalique via des ultrasons, pour faciliter l’action de molécules thérapeutiques dans le système nerveux central...
30.08.2024 Recherche, Science & Santé
Un neurone
Syndrome de Rett : une nouvelle thérapie génique en vue
La thérapie génique pourrait constituer notre meilleure chance de traiter le syndrome de Rett, un trouble neurologique qui entraîne des déficiences intellectuelles et motrices graves. À l’Institut du Cerveau, Françoise Piguet et ses collègues ont...
11.07.2024 Recherche, Science & Santé
Lésions d’un patient à l’inclusion dans le protocole (M0) disparues après 2 ans de traitement à la Leriglitazone (M24)
Le double effet de la leriglitazone dans l'adrénoleucodystrophie liée au chromosome X (ALD-X)
En 2023, l’équipe du Professeur Fanny Mochel (AP-HP, Sorbonne Université), chercheuse à l’Institut du Cerveau montrait que la prise quotidienne de leriglitazone permettait de réduire la progression de la myélopathie des patients atteints d...
24.06.2024 Recherche, Science & Santé
Voir toutes nos actualités