Aller au contenu principal

Soit 34,00 après déduction fiscale de 66%

Je fais un don mensuel Je fais un don IFI
Recherche, Science & Santé

Les mouvements de nos yeux révèlent nos émotions pendant le sommeil

Publié le : 16/02/2022 Temps de lecture : 1 min
emotions sommeil

Rêve ou cauchemar, notre sommeil est souvent riche en émotions. Une étude conduite par Jean-Baptiste Maranci (Sorbonne Université), Isabelle Arnulf (AP-HP/Sorbonne Université) et leurs collaborateurs à l’Institut du Cerveau et à l’Hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP, montre une association entre émotions des rêves et les différents types de mouvements oculaires observés au cours du sommeil. Ces résultats, publiés dans Scientific reports, ouvrent une fenêtre directe sur la régulation des émotions pendant le rêve et le bénéfice du sommeil sur la santé mentale.

 

Le sommeil et les rêves sont des états mystérieux, dont les fonctions sont encore explorées par les chercheurs en neurosciences. Parmi celles-ci, la régulation des émotions a été souvent proposée. Une phase particulièrement propice aux rêves est le sommeil paradoxal ou en REM sleep anglais, pour Rapid Eye Movement (mouvements rapides des yeux), car dans cette phase de sommeil les yeux se mettent en mouvement, alors que le reste du corps est paralysé. Mais à quoi servent ces mouvements des yeux ? 

Des études antérieures ont montré qu’ils étaient plus fréquents au cours du sommeil paradoxal de patients souffrant de dépression, mais également chez les personnes à risque pour un trouble dépressif, suggérant un lien entre cette phase du sommeil et la régulation de l’humeur et des émotions. Plusieurs hypothèses ont été formulées sur le rôle de ces mouvements rapides des yeux, qui suivraient le scénario du rêve comme nous regardons une scène à l’éveil. Une autre hypothèse cependant fait le lien entre mouvements oculaires rapides et la réactivation de la mémoire des émotions au cours du rêve.

Pour mieux comprendre ce lien entre le sommeil paradoxal et les émotions au cours des rêves, Jean-Baptiste Maranci (Sorbonne Université), Isabelle Arnulf (AP-HP/Sorbonne Université) et leurs collaborateurs ont combiné différents enregistrements vidéo, audio et de l’activité oculaire (video-polysomnographie) chez 20 patients atteints de troubles du comportement en sommeil paradoxal, un état dans lequel les personnes « vivent » leurs rêves.

« Les visages des personnes pendant le trouble comportemental en sommeil paradoxal sont un véritable livre ouvert sur les émotions en rêve. Grâce à eux, nous avons un accès direct au contenu émotionnel du rêve. »

Isabelle Arnulf cheffe du service des pathologies du sommeil à l’Hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP et chercheuse à l’Institut du Cerveau

Cette approche originale a permis aux chercheurs de montrer une association forte entre les émotions négatives exprimées par les patients et les mouvements oculaires lorsque ceux-ci surviennent « en bouffées » c’est-à-dire groupés les uns à la suite des autres (par opposition à des mouvements plus isolés). Cette association évoque une technique utilisée à l’éveil chez des patients souffrant de traumatisme qui se remémorent des évènements négatifs tout en bougeant les yeux pour guérir.

« Ces résultats suggèrent que les mouvements oculaires en bouffées pourraient être importants pour digérer les émotions négatives pendant le sommeil paradoxal. » 

Jean-Baptiste Maranci Premier auteur de l’étude

L’équipe de chercheurs met aussi en évidence que les émotions positives sont au contraire plutôt associées à des mouvements lents des yeux, alors que les émotions négatives n’y sont jamais liées.

Ces résultats sont une avancée de plus soutenant le rôle du sommeil paradoxal dans la régulation des émotions en rêve et le bénéfice du sommeil sur la santé mentale. Ils suggèrent également que les mouvements oculaires et leurs différents types peuvent renseigner sur le contenu émotionnel des rêves.

Sources

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35110651/
Maranci JB, Nigam M, Masset L, Msika EF, Vionnet MC, Chaumereil C, Vidailhet M, Leu-Semenescu S, Arnulf I. Sci Rep. 2022 Feb 2

D'autres actualités qui pourraient vous intéresser

Monocyte – un globule blanc qui se différencie en macrophage. Crédit : Université d’Edinbourg.
Découverte d’une anomalie liée aux macrophages dans la sclérose en plaques
Certains patients atteints de sclérose en plaques possèdent la capacité de régénérer partiellement la myéline, la gaine qui entourent les fibres nerveuses et qui est endommagée au cours de la maladie. En étudiant comment les cellules immunitaires...
08.11.2024 Recherche, Science & Santé
Interneurones. Crédit : UCLA Broad Stem Cell Research Center.
Cibler les interneurones inhibiteurs du striatum pour stopper les comportements compulsifs
Et si on pouvait résister aux compulsions ? Ces comportements irrationnels, que l’on observe notamment dans les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), sont très difficiles à réfréner. Pourtant, à l’Institut du Cerveau, l’équipe d’Éric Burguière...
09.09.2024 Recherche, Science & Santé
Les nerfs moteurs présents dans la moelle épinière se projettent vers la périphérie, où ils entrent en contact avec les muscles, formant des connexions appelées jonctions neuromusculaires. Crédit : James N. Sleigh.
Maladie de Charcot : les effets inattendus des ultrasons
Depuis une quinzaine d’années, les neurochirurgiens perfectionnent une technique fascinante : ouvrir temporairement la barrière hémato-encéphalique via des ultrasons, pour faciliter l’action de molécules thérapeutiques dans le système nerveux central...
30.08.2024 Recherche, Science & Santé
Un neurone
Syndrome de Rett : une nouvelle thérapie génique en vue
La thérapie génique pourrait constituer notre meilleure chance de traiter le syndrome de Rett, un trouble neurologique qui entraîne des déficiences intellectuelles et motrices graves. À l’Institut du Cerveau, Françoise Piguet et ses collègues ont...
11.07.2024 Recherche, Science & Santé
Lésions d’un patient à l’inclusion dans le protocole (M0) disparues après 2 ans de traitement à la Leriglitazone (M24)
Le double effet de la leriglitazone dans l'adrénoleucodystrophie liée au chromosome X (ALD-X)
En 2023, l’équipe du Professeur Fanny Mochel (AP-HP, Sorbonne Université), chercheuse à l’Institut du Cerveau montrait que la prise quotidienne de leriglitazone permettait de réduire la progression de la myélopathie des patients atteints d...
24.06.2024 Recherche, Science & Santé
Une tête de statue de l'île de Pâques sur laquelle sont posées des éléctrodes
Un meilleur pronostic de retour à la conscience des patients placés en réanimation
Lorsqu’un patient est admis en réanimation à cause d’un trouble de la conscience — un coma par exemple — établir son pronostic neurologique est une étape cruciale et souvent difficile. Pour réduire l’incertitude qui prélude à la décision médicale, un...
04.06.2024 Recherche, Science & Santé
Voir toutes nos actualités