Claire Roudot a récemment rejoint l’Institut du Cerveau au sein de la Direction des Applications de la Recherche (DAR) en tant que responsable du développement Biotechnologies (business developper). Sa mission consiste à valoriser le travail des chercheurs auprès des industriels, pour développer de nouveaux projets ou initier des transferts de technologie.
En quoi consiste le métier de Business Developper ?
Le business developper valorise le travail des chercheurs auprès des industriels afin de développer des projets collaboratifs ou de gérer un transfert de technologie. Cela se fait en plusieurs étapes. Il y a une phase de scouting, ou l’on travaille en étroite relation avec les chercheurs afin d’identifier les projets potentiellement valorisables ou brevetables. Il faut ensuite identifier des partenaires industriels potentiels et leur présenter le projet. Il y a ensuite une phase d’évaluation, tant scientifique que juridique, puis on passe à la négociation du contrat. Une fois le contrat signé, commence l’étape de management de projet, on parle d’alliance management. Le plus important lors de la mise en place d’un contrat est de comprendre les besoins du chercheur de l’Institut et de les mettre en perspective avec ceux du partenaire industriel. Par exemple, la propriété intellectuelle est primordiale pour les industriels. Les chercheurs, eux, auront besoin que l’on valide un contrat dans lequel le délai de publication est raisonnable. Il faut trouver des solutions « win-win » pour chaque partie, une bonne compréhension du milieu de la recherche et de l’industrie est nécessaire.
Qu’est-ce que les biotechnologies ?
Les biotechnologies utilisent le vivant pour comprendre et trouver des solutions à des problématiques. On associe souvent les biotechnologies au génie génétique mais les biotechs englobent une grande variété de disciplines allant de la biologie moléculaire à la bio-informatique en passant par la microbiologie. On cite souvent l’insuline recombinante comme exemple typique d’une application issue des biotechnologies. Mais aujourd’hui, on appelle plus largement le secteur industriel de développement de médicaments le secteur Biotech.
Qu’est-ce que l’Institut du Cerveau peut apporter à l’industrie pharmaceutique ?
Il y a des modèles in vitro et in vivo très intéressants développés à l’Institut du Cerveau. L’industrie pharmaceutique peut utiliser ces modèles pour cribler de potentiels futur candidats médicaments. Par ailleurs les équipes de l’Institut du Cerveau maitrisent des technologies de pointe et ont une compréhension unique de certaines pathologies.
Comment se passe ce processus avec les chercheurs en temps normal ? Est-ce plutôt eux qui viennent te solliciter ?
Certains chercheurs ont déjà cette culture entrepreneuriale et ont compris que l’industrie pouvait leur apporter beaucoup. Ceux qui ont compris l’intérêt de travailler avec les big pharma viennent directement nous solliciter. Il faut savoir qu’un partenariat industriel peut permettre d’obtenir des financements de post-docs, de thèses CIFRE ou d’aboutir à des projets de collaboration de grande envergure. Cela représente donc non seulement un soutien financier intéressant mais aussi une opportunité de travailler avec les chercheurs du milieu industriel qui ont souvent des compétences complémentaires aux nôtres.
Quel est ton parcours ?
Je suis ingénieur en biotechnologies de formation. J’ai eu l’opportunité de travailler dans de nombreux laboratoires académiques en Europe tels que l’Université de Cambridge, le Karlsruhe Institute of Technology ou le Basel Biozentrum. Je suis ensuite partie à Boston où j’ai travaillé chez New England Biolabs, j’étais à la paillasse mais cette première expérience en entreprise m’a permis d’interagir avec des gens travaillant dans d’autres départements comme les brevets ou le business développement. C’est ainsi que j’ai commencé à m’intéresser aux enjeux plus business des biotechnologies. En rentrant de Boston, j’ai donc décidé de poursuivre dans cette voie en faisant un master en management biopharmaceutique. Cela m’a amené par la suite à travailler dans un cabinet de conseil en stratégie, puis pour le département de business développement & licensing de Sanofi. J’ai travaillé pendant plus de 3 ans chez Sanofi, en étant basée successivement en Allemagne, aux US et en France. Mon travail consistait à négocier des contrats R&D avec des partenaires académiques et des biotechs. Aujourd’hui je rejoins l’Institut du Cerveau - ICM en tant que responsable du développement Biotechnologies au sein de la Direction des applications de la recherche (la DAR).
Pourquoi as-tu choisi de continuer ton parcours à l’Institut du Cerveau ?
L’Institut du Cerveau est un lieu unique regroupant dans un même bâtiment des chercheurs, des entrepreneurs, des médecins et des patients. L’Institut a la culture de la recherche appliquée en plus de sa position forte en recherche fondamentale. Et puis on dispose d’un incubateur de start-up, d’un centre d’investigation clinique, d’un living lab…le tout situé au cœur de la salpêtrière donc proche du patient. Cet environnement est vraiment motivant et propice au business développement. Il y a d’ailleurs beaucoup d’initiatives favorisant l’émergence de nouvelles innovations, comme les fonds de maturation Carnot, qui aide les chercheurs à valoriser des idées ou des projets pouvant aboutir à des brevets. C’est très intéressant pour nous, Business Developper, de travailler dans un Institut qui valorise ces initiatives.