Découvrez comment notre cerveau, et en particulier le cortex préfrontal, influence nos préférences alimentaires.
C'est Liane Schmidt (INSERM), chercheuse Inserm co-responsable de l’équipe BEND team, qui répond à Odin, 4 ans et demi, qui se pose des questions quant à la façon qu'il a de choisir préférentiellement la pizza aux courgettes. Elle explique notamment au jeune garçon qu’il ne suffit pas de voir et de sentir la pizza pour en avoir envie. Le cerveau utilise beaucoup d’autres critères pour choisir !
Pourquoi nous avons des préférences : comprendre les choix de notre cerveau
Les préférences font partie intégrante de notre quotidien. Que ce soit pour choisir un plat, un vêtement ou même une activité, notre cerveau nous guide dans ces choix. Mais pourquoi préférons-nous certains aliments à d'autres ? Pourquoi un enfant préfère-t-il la pizza aux courgettes, comme l'explique Odin ? Pour répondre à cette question, il est important de comprendre comment le cerveau, et plus précisément une partie de celui-ci, dirige nos préférences et nos décisions.
Le rôle du cortex préfrontal dans nos préférences
Le cortex préfrontal, situé juste derrière notre front, est souvent comparé à un capitaine de navire, dirigeant les différents choix que nous faisons au quotidien. Ce rôle essentiel dans la gestion des préférences a été exploré par l’équipe de l'Institut du Cerveau. Lorsqu'il s'agit de décider entre la pizza et les courgettes, par exemple, ce "capitaine" compare les informations qu'il reçoit des différentes parties du corps, telles que les papilles gustatives, et les traite en fonction de plusieurs critères.
Comment le cerveau compare-t-il les préférences ?
Imaginez un jeu où vous devez trouver les différences entre deux objets. C'est exactement ce que fait le cortex préfrontal lorsqu'il compare des aliments comme la pizza et les courgettes. Il va analyser plusieurs critères pour déterminer quel aliment est préféré. Ces critères incluent le goût, l'odeur, la texture, la couleur, et même les effets sur la santé. Le cortex préfrontal va ensuite organiser ces informations et décider de la préférence finale.
Dans le cas d'Odin, qui préfère la pizza aux courgettes, plusieurs facteurs interviennent. Le goût salé de la pizza contraste avec l'amertume des courgettes. Les récepteurs gustatifs de la bouche, appelés papilles gustatives, jouent un rôle crucial en envoyant des signaux au cortex préfrontal sur la saveur perçue. Ce dernier va ensuite déterminer quel goût procure le plus de plaisir à l'individu. Si la pizza est perçue comme plus agréable à manger que les courgettes, c’est cette information qui guidera le choix.
L'importance de l'expérience personnelle dans la formation des préférences
Il est important de souligner que les préférences ne sont pas fixes et peuvent évoluer avec le temps. Le cortex préfrontal prend en compte l’ensemble des expériences passées pour créer une "bibliothèque des goûts" dans laquelle il classe les saveurs et les sensations. Ainsi, si une personne a eu des expériences positives avec la pizza dans le passé, elle sera plus encline à préférer ce plat à un autre qui n’a pas éveillé autant de plaisir.
L'état émotionnel au moment de la prise de décision joue également un rôle. Par exemple, si Odin se trouve de bonne humeur et qu’il fait chaud, il pourrait être plus enclin à choisir la pizza, dont les saveurs salées peuvent être perçues comme plus agréables dans cet état. En revanche, si l'environnement est différent – peut-être une journée froide – il pourrait préférer des saveurs plus douces ou plus fraîches, comme celles des courgettes.
Les influences culturelles et environnementales
Les préférences sont également influencées par des facteurs externes, comme le lieu de vie et la culture. Par exemple, certains aliments sont plus courants dans certaines régions ou pays, ce qui influence les préférences alimentaires dès le plus jeune âge. De même, l'éducation joue un rôle majeur : ce que l’on apprend à apprécier dans son environnement familial et social peut déterminer une grande partie de nos préférences alimentaires.
Dans le cas d'Odin, il est possible que son environnement familial et ses expériences antérieures avec des plats comme la pizza jouent un rôle important dans sa préférence actuelle. Si sa famille lui offre souvent des pizzas ou si cela fait partie de ses souvenirs agréables, son cerveau associera la pizza à un sentiment de confort et de plaisir, rendant ce choix plus probable.
Le rôle de l'humeur et de l'état physique dans nos préférences
Les préférences alimentaires, en particulier, sont également influencées par notre état physique et notre humeur. Par exemple, si Odin est fatigué ou s’il a une faim importante, il pourrait être plus enclin à choisir la pizza, qui peut lui apporter un sentiment de satiété immédiat grâce à son goût salé et réconfortant. En revanche, s’il est de bonne humeur et que son corps recherche des aliments plus légers ou plus frais, il pourrait être plus disposé à goûter des courgettes.
Ainsi, les préférences ne sont pas seulement dictées par les caractéristiques d’un aliment en soi, mais également par des facteurs internes et externes qui peuvent changer d'un jour à l'autre, voire d’un instant à l’autre.
Les différences individuelles dans les préférences
Il est également important de noter que chaque individu est unique dans ses préférences. Tandis que certains enfants préfèrent la pizza, d’autres pourraient être attirés par des aliments considérés comme plus amers ou moins sucrés. Ces différences peuvent être liées à des aspects génétiques, mais aussi à l'exposition à certains types de nourriture pendant la petite enfance. Le cerveau des individus s’adapte aux expériences qu’ils vivent, créant des préférences spécifiques en fonction de leurs besoins, goûts et découvertes personnelles.

L’équipe dirigée par Liane SCHMIDT & Philippe FOSSATI a pour objectif de comprendre comment les mécanismes de contrôle cognitifs intègrent les signaux externes et internes et comment cette intégration influe sur le comportement de sujets sains et de...
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